Cinq jours après l'attaque de la préfecture de police de Paris, l'enquête se poursuit pour comprendre la radicalisation religieuse de Mickaël Harpon. Alors que le drame est venu mettre à nouveau en lumière le danger de la présence d'éléments radicalisés au sein-même de la fonction publique, l'ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic, invité mardi d'Europe 1, estime qu'en France, "tout le monde a conscience du danger, mais tout le monde ne voit pas l'ampleur du phénomène de radicalisation".
"On a laissé pendant quarante ans cette idéologie mortifère se répandre partout", regrette Marc Trévidic. "On a eu des alertes (…) maintenant on voit des militaires, des policiers radicalisés. Un jour, on trouvera peut-être un juge radicalisé, tout est envisageable". Selon lui, "on ne se rend pas compte que cette problématique s'est diluée dans toute la société française". Mais pourquoi la France est-elle particulièrement touchée par ce phénomène de radicalisation ? "La particularité française, c'est la laïcité", explique Marc Trevidic, qui note "un affrontement sur ce terrain", notamment chez les fonctionnaires.
Mickaël Harpon avait "un mode opératoire un peu pulsionnel"
Revenant sur l'attaque de la préfecture et le profil inédit de l'assaillant, l'actuel président de la chambre à la cour d’appel de Versailles remarque que Mickaël Harpon avait "un mode opératoire un peu pulsionnel" qui laisse penser que son projet d'attaque n'était "pas très organisé". "Il ne faut pas prendre tout phénomène criminel pour du terrorisme", explique-t-il encore, estimant que "la frontière est parfois assez mince entre le schizophrène qui passe à l'acte et le terroriste".
Alors que le gouvernement souhaite mieux détecter les profils radicalisés, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner ayant notamment réclamé un "signalement automatique" de toute alerte, l'ancien juge anti-terroriste rappelle la difficulté de la tâche. "Ceux qui ont un vrai projet terroriste vont dissimuler". En revanche, "ceux qui se radicalisent progressivement et qui n'ont pas de volonté de passer à l'acte ne vont pas dissimuler les éléments de radicalisation".