Qu'elles soient l'oeuvre d'islamistes radicaux ou de déséquilibrés, les attaques à la voiture-bélier sont de plus en plus nombreuses. Dans ce contexte, les autorités locales s'organisent. Quelques heures après les attentats de Barcelone et de Cambrils qui ont fait 15 morts et plus de 120 blessés jeudi dernier, certains maires ont décidé d'installer des blocs de béton pour sécuriser leur ville. Une nouvelle filière rentable pour les entreprises qui les construisent.
Des blocs de béton pour ralentir la course d'une voiture-bélier. Dès le lendemain de l'attaque sur La Rambla de Barcelone, le maire de La Rochelle (Charente-Maritime), Jean-François Fountaine, a immédiatement convoqué ses équipes, téléphoné à la préfecture et dans des entreprises spécialisées. Vingt blocs de béton d'une tonne et demie ont été installés en chicane le long des accès qui mènent au vieux port, une zone piétonne, le jour même.
"Plutôt que d'avoir le port libre d'accès, cela nous semblait mieux de mettre en place ces blocs", explique le maire à Europe 1. "Si un véhicule franchissait ces chicanes, il aurait forcément une vitesse très réduite, de 25 km/h. Un engin ne peut pas pénétrer à grande vitesse sur le vieux port et faire des ravages." Si Jean-François Fountaine reconnaît qu'il n'est pas parfait, il assure que ce dispositif "nous semble être un progrès par rapport à ce que nous avions auparavant."
Un dispositif rassurant. Ces blocs sont habituellement utilisés uniquement lors de gros événements comme les Francofolies, en juillet. Ils ne sont pas très esthétiques estiment quelques commerçants. Mais la plupart se sentent plus en confiance. "Un camion qui passe ne peut pas faire grand-chose", estime un gérant d'hôtel. "Nous, en tant que locaux, on sent la sécurité supplémentaire donc il y a de la prévention et c'est rassurant." Ce qui n'a pas empêché la préfecture de renforcer les effectifs de police sur place.
Les entreprises spécialisées croulent sous les commandes. Néanmoins ce dispositif préventif remplit les carnets de commandes des entreprises spécialisées dans la fabrication de ces blocs de béton. Dans l'Yonne, les Ardennes, ou en Gironde, toutes les entreprises spécialisées le confirment : les commandes passées par des villes ou des villages, ont commencé à affluer après l'attentat de Nice, en juillet 2016. Dans sa PME près d'Auxerre (Yonne), Baptiste Mansanti a écoulé plus de 1.000 blocs l'an passé.
Blocs de béton, poteaux fixes ou rétractables ? "Pour pouvoir sécuriser, on utilise soit des potelets en acier qui sont fixes. Mais il faut les sceller dans le sol sinon ils ne résisteraient pas à la force d'un véhicule alors le simple poids des blocs de béton permet d'arrêter un véhicule." Et comme ils ne sont pas scellés, ils peuvent être déplacés en fonction des besoins. Autre solution, celle choisie par la mairie de La Rochelle : les plots anti-intrusions en métal rétractables pour les voitures de police, les secours et les bus.
Un budget conséquent. Le coût d'une telle opération s'élève à environ 400.000 euros. Un budget qui peut être conséquent car ces blocs coûtent entre 130 et 450 euros l'unité, en fonction des fournisseurs et de la personnalisation. C'est pourquoi certaines entreprises, comme celles d'Abdel Feghoul à Bordeaux, proposent des "affichages de publicités sur nos blocs, ce qui permet de financer en partie la sécurité."
Éviter la bunkerisation des villes. L'autre l'écueil en plus du coût, c'est l'impression de bunkérisation. Alors beaucoup de villes cherchent à rendre ces blocs moins voyants. "On personnalise à la couleur de la ville, à la couleur de l'événement", détaille le gérant de la société bordelaise. "On a des blocs à l'aspect bois, d'autres pour les fêtes de Noël...". Par ailleurs, une association réunissant plusieurs villes dont Nice, Barcelone ou Paris réclame d'ailleurs une aide financière de l'Union Européenne pour financer ces installations.