Ce sont des renseignements sur une attaque visiblement préméditée, celle des deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe agressés au couteau par Michaël Chiolo, le 5 mars. Selon Le Parisien, des conversations ont été enregistrées la veille de l'agression, portant sur la manière de passer à l'acte. Cinq détenus de la même prison, soupçonnés de complicité avec l'agresseur et placés en garde à vue lundi, comme vous le révélait Europe 1, ont eux aussi vu leurs conversations écoutées. Les moyens qui ont été employés pour l'enregistrement (sonorisation de cellule, ou plus probablement de téléphone portable illégalement introduit en détention) n'ont pas été précisés. Mais ces révélations posent déjà plusieurs questions.
Quel est le contenu de ces discussions ?
Les discussions ont eu lieu dans un espace commun de la prison de Condé-sur-Sarthe, entre l'agresseur des deux surveillants et quelques uns de ses co-détenus. La veille de cette attaque, certains d'entre eux conseillent Michaël Chiolo sur son geste. Ils discutent du moment et de la manière dont il doit procéder pour pouvoir blesser les gardiens, comme les frapper en visant "les côtes" et agir à l'ouverture des portes de la cellule, lui dit-on, précise Le Parisien.
Qui sont les co-détenus enregistrés ?
Les conversations n'ont rien d'anodin, d'autant que parmi les suspects, il y a un homme condamné dans un dossier terroriste, le seul parmi les cinq, selon nos informations. Il faisait partie de la cellule de Torcy, un groupuscule qui avait attaqué à la grenade une épicerie cacher de Sarcelles, en septembre 2012. Un autre suspect, proche de l'islam radical, mis en garde à vue lundi par la police, devait lui sortir de prison dans les semaines à venir.
Toutes les voix dans ces discussions, qui n'ont été écoutées qu'au lendemain de l'attaque, ne sont pas identifiables. Les reconnaître constitue tout l'enjeu des auditions lors des gardes à vue.
Pourquoi une intervention n'a-t-elle pas eu lieu ?
Procéder à des enregistrements demandent une certaine logistique en aval. Et selon un connaisseur du dossier cité par Le Parisien, "aucun service de renseignement ne possède les moyens humains d’écouter en temps réel les conversations". "Il y avait plus de deux heures d’enregistrements à traiter, ce qui correspond à huit heures de travail", explique cette source. "Il n’est pas possible de mettre 30 agents sur chaque écoute. D'autant qu’aucun renseignement ne laissait penser que Chiolo allait commettre un attentat, qu’il y avait un risque imminent."