La justice s'est de nouveau opposée à la remise en liberté d'Hassan Diab, détenu depuis deux ans et seul suspect de l'attentat de la rue Copernic en 1980 à Paris, a appris mardi l'AFP auprès de ses avocats et de source judiciaire. La cour d'appel de Paris examinait l'appel formé par le parquet contre une décision la semaine dernière d'un juge des libertés et de la détention (JLD), qui avait ordonné le placement de Hassan Diab sous surveillance électronique. C'était au moins la huitième fois, selon ses avocats, qu'un magistrat ordonnait la remise en liberté de ce professeur libano-canadien de 63 ans, extradé du Canada en novembre 2014.
Prolongement de six mois. Mais la chambre de l'instruction a infirmé mardi cette ordonnance et décidé de prolonger pour six mois le mandat de dépôt d'Hassan Diab, selon la source judiciaire. "Nous sommes confrontés à une situation inédite et ubuesque", ont réagi ses avocats, William Bourdon, Apolline Cagnat et Amélie Lefebvre. "Comme presque toujours dans les affaires les plus graves, la libération et la reconnaissance de l'innocence de celui qu'on a présenté à tort aux parties civiles comme le coupable possible prend du temps. Mais elle interviendra", assurent-ils. Dans cette enquête qui touche à sa fin, Hassan Diab, 63 ans, est mis en examen, soupçonné d'avoir perpétré l'attentat de la rue Copernic qui avait fait quatre morts et une quarantaine de blessés le 3 octobre 1980 devant une synagogue du seizième arrondissement parisien.
37 ans d'investigations. Plusieurs éléments à charge avaient nourri le dossier de l'ex-juge d'instruction, notamment une ressemblance entre Diab et les portraits-robots d'un suspect, la découverte en 1981 à Rome d'un passeport à son nom avec des tampons d'entrée et de sortie d'Espagne, d'où serait parti le commando, et des expertises graphologiques. Mais Diab assure qu'il se trouvait à Beyrouth lors des faits pour passer ses examens à l'université, et plusieurs témoins ont corroboré cette version. Après 37 ans d'investigations, les juges d'instruction avaient notifié en juillet la fin de leur enquête, mais l'ont récemment rouverte pour examiner une "note blanche" (sans signature, ni en-tête, ni date) des services secrets israéliens, rédigée à charge contre Hassan Diab et transmise fin septembre à la justice française.