Des juges d'instruction ont ordonné un non-lieu en faveur d'Hassan Diab, unique suspect de l'attentat devant la synagogue de la rue Copernic à Paris qui avait fait quatre morts et une quarantaine de blessés le 3 octobre 1980, a indiqué une source proche du dossier vendredi. Ils ordonnent la "mise en liberté immédiate" du Libano-Canadien de 64 ans, qui a passé plus de trois ans en détention provisoire. Le parquet a décidé de faire appel.
Le suspect au Liban au moment de l'attentat ? Dans leur ordonnance, les juges estiment que les charges à son encontre "ne sont pas suffisamment probantes" et "se heurtent à trop d'éléments à décharge", d'après la source. Les magistrats relèvent que les investigations ont mis en lumière "un certain nombre d'éléments (…) qui permettent d'estimer qu'Hassan Diab se trouvait vraisemblablement au Liban pendant cette période" et ne pouvait donc ni avoir confectionné ni posé l'engin explosif, caché sur une moto.
Hassan Diab a toujours affirmé qu'il était à Beyrouth au moment des faits pour passer ses examens à la faculté. "Les documents de l'université libanaise" et "les témoignages de plusieurs étudiants" ont corroboré sa version, soulignent les juges.
Le parquet fait appel. Le parquet, qui avait requis le renvoi aux assises de Hassan Diab, a décidé de faire appel. Cet appel n'est pas suspensif et ne remet donc pas en cause à ce stade la remise en liberté de Hassan Diab.
Une véritable bataille judiciaire. L'enquête, l'une des plus anciennes à Paris, avait attribué l'attentat, non revendiqué, au Front populaire de libération de la Palestine-Opérations spéciales (FPLP-OS), groupe né d'une scission du FPLP, et les renseignements français avaient identifié Hassan Diab en 1999. Extradé en novembre 2014 du Canada, ce professeur d'université en sociologie avait été mis en examen et placé en détention provisoire. Depuis plusieurs mois, son cas est au cœur d'une bataille judiciaire entre le parquet et les juges. Ces derniers, faisant déjà part de leurs doutes quant à sa présence en France à l'époque, avaient demandé à plusieurs reprises sa remise en liberté, avec assignation à résidence et port d'un bracelet électronique. Mais à chaque fois, le ministère public avait fait appel et la cour d'appel avait décidé de prolonger sa détention.
Le 29 novembre, le parquet de Paris avait requis son renvoi devant la cour d'assises spéciale de Paris, seule habilitée à juger les crimes terroristes. Il s'appuyait notamment sur des notes des renseignements, des expertises graphologiques et la ressemblance de Diab avec des portraits-robots réalisés à l'époque, estimant que les "éléments à charge et à décharge" devaient être débattus lors d'un procès.