Mohamed Lamine A., 24 ans, a été interpellé lundi matin dans les Yvelines, dans le cadre de l'enquête sur l'attentat de Magnanville. Son profil génétique a été retrouvé sur le clavier de l'ordinateur du couple de policiers assassinés.
C’est un rebondissement de taille dans l’enquête sur l’attentat de Magnanville. Mohamed Lamine A., un homme de 24 ans soupçonné d'être impliqué dans l'assassinat à leur domicile d'un couple de policiers le 13 juin 2016, a été arrêté lundi matin aux Mureaux, dans les Yvelines, par la sous-direction antiterroriste (Sdat) de la direction centrale de la police judiciaire, et mis en examen après sa garde à vue. Son profil génétique a été découvert sur l’ordinateur des victimes. Comment est-il arrivé là ? C’est ce que les enquêteurs veulent désormais déterminer.
Que sait-on du suspect ?
Né en 1992, Mohamed Lamine A., un Français d'origine marocaine, n'est pas un inconnu aux yeux des enquêteurs de l'antiterrorisme. Dans ce dossier, son nom de famille a même déjà été évoqué à deux reprises. Il avait déjà été placé en garde à vue et entendu dans cette affaire, mais n'avait pas été poursuivi.
Il est aussi le frère de Charaf-Din A., l'un des deux hommes déjà mis en examen et en détention provisoire pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, dès juin 2016, juste après l'attentat de Magnanville. Ce proche de Larossi Abballa est soupçonné avec un autre homme, Saad R., d'avoir pu apporter un soutien logistique au tueur. Ces deux hommes mis en examen en juin 2016, Charaf-Din A. et Saad R., avaient été condamnés en septembre 2013 à de la prison ferme en même temps que Larossi Abballa lors du procès d'une filière djihadiste à destination du Pakistan.
Selon une source proche de l'enquête, Mohamed Lamine A. "faisait partie du cercle restreint de Larossi Abballa".
Mais les liens de Mohamed Lamine A. avec la mouvance djihadiste ne semblent pas se limiter à cette relation fraternelle. L'homme de 24 ans, fiché S pour islamisme radical, a déjà été arrêté avec sa fiancée virtuelle (ils ne se sont jamais rencontrés) Sarah Hervouët, l'une des suspectes dans l'enquête sur l'attaque déjouée à la bonbonne de gaz en septembre 2016 à Paris, et qui avait été "promise" dans un premier temps à Larossi Abballa. Il a été mis en examen pour "non dénonciation de crime terroriste" - un simple délit de droit commun créé par la loi du 3 juin 2016 - les enquêteurs n'ayant pu établir sa complicité dans ce projet d’attentat. Après plus de quatre mois de détention préventive, il avait été remis en liberté en janvier dernier. Sarah Hervouët, elle, est toujours sous les verrous.
Des liens entre le double assassinat de Magnanville et cet attentat avorté à Paris, trois mois après, ont été mis en lumière par les enquêteurs : Rachid Kassim, considéré comme l'un des propagandistes francophones les plus dangereux du groupe Etat islamique (EI), était en contact avec Larossi Abballa et le commando de femmes via la messagerie cryptée Telegram. Il est suspecté d'avoir inspiré les deux attaques depuis la zone irako-syrienne où il s'était réfugié.
Par ailleurs, selon L'Express, Mohamed Lamine A. avait effectué un séjour en Mauritanie pour apprendre l'arabe entre le 5 décembre 2010 et le 1er juillet 2011.
Pourquoi est-il suspecté ?
Jusqu'alors, les enquêteurs pensaient que Larossi Abballa était seul au domicile des policiers Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider. Mais la découverte de l'ADN de Mohamed Lamine A. sur le clavier de l'ordinateur portable des victimes, utilisé par le meurtrier présumé pour revendiquer ce double assassinat, vient semer le doute. Mohamed Lamine A. pourrait être directement impliqué, et présent physiquement dans le pavillon du couple, dans un laps de temps que l'on ignore encore.
Cette empreinte génétique a été identifiée il y a plusieurs mois, grâce au fichier national des empreintes génétiques. Depuis, Mohamed Lamine A. était discrètement et étroitement surveillé par les policiers.
Mohamed Lamine A. doit être déféré en début de soirée devant un juge antiterroriste.