La tentative d'attentat à la voiture piégée en septembre 2016 près de Notre-Dame de Paris avait pour "objectif" de faire le plus de victimes possible, a admis jeudi devant la cour d'assises spéciale de Paris l'accusée Inès Madani, qui n'avait alors "pas de problème de conscience". Ce dossier est le premier à être renvoyé aux assises parmi la vague d'attentats et de tentatives d'attentats djihadistes, qui ont fait 251 morts en France depuis 2015.
Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, avec sa co-accusée Ornella Gilligmann, Inès Madani a garé une Peugeot 607 remplie de bonbonnes de gaz dans une rue devant des restaurants, où se trouvaient des dizaines de personnes. Elles ont tenté de la faire exploser; seul un mauvais choix de carburant a fait échouer leur plan.
"Je n'avais pas de problème de conscience"
"La nuit du samedi au dimanche est particulière", a souligné le président Laurent Raviot. "Oui, pour la fréquentation", a répondu l'accusée. "Donc l'objectif était de faire le plus de victimes possible?", a interrogé le magistrat. "Oui, c'était l'objectif. (...) A ce moment-là, je n'avais pas de problème de conscience", a répondu la jeune femme qui avait alors 19 ans.
Inès Madani a chargé Ornella Gilligmann tout au long de son interrogatoire. Les deux femmes s'étaient rencontrées sur internet trois mois plus tôt. Inès Madani se faisait alors passer pour un homme, qu'elle a appelé Abou Jounayb, dont Ornella Gilligmann est tombée amoureuse. Cette dernière croyait qu'Inès Madani était la soeur d'Abou Jounayb. "A aucun moment Abou Jounayb n'a donné d'ordre à Ornella Gilligmann", a affirmé Inès Madani.
Selon cette dernière, c'est Ornella Gilligmann qui a pris l'initiative du projet et qui l'a organisé. "Elle a dit : 'Je ne veux plus attendre. Je veux faire quelque chose très vite'", a affirmé Inès Madani. Elle parle d'un "coup de tête", affirme s'être décidée "en une semaine".
La confrontation entre les deux accusées aura lieu lundi
Inès Madani a déjà été condamnée en avril à huit ans de prison pour avoir incité des candidats au djihad à rejoindre la Syrie ou à commettre des attaques en France et en Belgique, entre mars 2015 et juin 2016. Elle affirme que c'est sa co-accusée qui a envoyé la vidéo de revendication à Rachid Kassim, propagandiste du groupe Etat islamique. "Pour moi, c'était seulement les hommes qui pouvaient revendiquer par vidéo", a-t-elle affirmé. "C'est le genre de choses qui nécessite qu'on se mette d'accord au préalable", lui a répondu le président, qui a mis en doute à de nombreuses reprises la version d'Inès Madani.
Dans le box, à trois mètres, Ornella Gilligmann n'a pas caché son exaspération et sa colère. La confrontation entre les deux accusées, qui encourent la perpétuité, aura lieu lundi.