L'exception française en matière de fécondité serait-elle menacée ? Avec près de deux enfants par femme, la fécondité française se porte plutôt bien, notamment quand on la compare avec celle de nos voisins européens. Mais le plus inquiétant, c'est que cette baisse s'est encore accélérée en octobre et en novembre, neuf mois tout juste après les attentats de janvier.
Environ 10% de naissances en moins. "Les jeunes femmes qui ont été choquées par les événements du début d'année ont sans doute renoncé ou reporté l'idée d'une grossesse", analyse Jean-Loup Durousset, patron de Natecia, la deuxième plus grosse maternité privée de France. Cette dernière a enregistré 400 naissances de moins que l'année dernière, soit une baisse de 10%. "En Alsace aussi, on est à 10% de baisse dans le secteur privé, 7% dans le public. Même chose en Paca. En Rhône-Alpes, certains établissements connaissent des baisses de 15%, et l'évolution peut être catastrophique", poursuit Jean-Loup Durousset.
Un climat anxiogène. Certes, ce climat anxiogène n'est pas la seule cause de cette baisse. Il faut aussi y voir les effets de la crise économique ou de la diminution des allocations familiales. Reste, quand même, que le climat n'est pas porteur du tout. "Dans les échanges qu'on a au quotidien avec nos patientes, elles nous disent 'je ne le sens pas' ou 'je ne vais pas mettre au monde un enfant dans ce contexte-là', c'est très clair", confie notamment Emmanuel Bolzinger, gynécologue obstétricien.
Une nouvelle baisse en août 2016. Naturellement, les professionnels s'attendent à une nouvelle chute des naissances en août et septembre 2016, neuf mois après les attentats de Paris. C'est pourquoi ils ont décidé d'alerter le ministère de la Santé sur cette situation, lui demandant de songer à une compensation de cette baisse d'activités.