Deux mois après les attentats du 13 novembre dernier qui ont fait 130 morts, la vie de quartier a repris douloureusement son cours. Dans les Xe et XIe arrondissements de la capitale, six bars et restaurants ont été pris pour cibles par les terroristes. Trois d'entre eux, le bar A La Bonne Bière, le Comptoir Voltaire et Le Carillon ont déjà rouvert. Et les trois autres doivent prochainement relever leur rideau. En plus du traumatisme humain, les gérants ont dû faire face à toutes les problématiques matérielles et financières.
Les assurances ont tout remboursé.La brasserie A la Bonne Bière est restée fermée 21 jours très exactement. Trois semaines sans enregistrer le moindre revenu. "Notre assureur va tout prendre en charge", nous assure, confiante, la direction du bar. "Tous les dégâts - pas très nombreux ici - et le manque à gagner nous sera remboursé au titre de la perte d'exploitation". Egalement contacté par Europe 1, le Comptoir Voltaire n'a pas souhaité répondre.
Les clients au rendez-vous. "Il faut faire front", confie une cliente en levant son verre. Comme elle, de nombreux habitués de la Bonne Bière sont rapidement revenus dans "leur" bar. Par solidarité ? "Non, ça serait mentir de dire ça", rétorque Franck. "On vient surtout par habitude", poursuit ce jeune trentenaire.
En nous rendant sur place, mardi à l'heure du déjeuner, nous avons pu constater que la salle de restaurant était pleine à 90%. Une impression confirmée par la direction elle-même : "la fréquentation est à peu près équivalente par rapport à avant" les attentats. La position stratégique du bar, au carrefour de trois rues, n'y est pas non plus pour rien.
L'aide de la ville de Paris se fait attendre. Dix jours seulement après les attentats, la mairie de Paris a promis de débloquer une aide exceptionnelle de 600.000 euros pour les commerçants touchés. Chaque bar pris pour cible par les terroristes doit recevoir une aide exceptionnelle de 40.000 euros pour financer notamment les travaux de réparation. "On a bien reçu un courrier qui nous indiquait qu'on allait recevoir cette somme, nous confie-t-on à la Bonne Bière, mais pour le moment, on n'a encore rien reçu".
Les salariés ont été payés. Après les attentats, aucun employé n'a claqué la porte à la Bonne Bière. Mais pendant trois semaines, les salariés ont été au chômage technique. Ont-ils été payés pendant cette durée ? "Bien évidemment", assure la direction. "Le contraire aurait été inenvisageable". S'ils n'ont pas travaillé, ils n'étaient jamais bien loin du bar. Toujours prêts à donner un coup de main pour "remettre les choses en place". Se remettre au travail, pour essayer de tourner la page de ce cauchemar.