Le magazine 60 Millions de consommateurs, dans son hors-série de juillet-août consacré au "meilleur du bio", met en garde contre les "montagnes de promesses" du secteur qui est "loin d'être sans failles", après un banc d'essai de 130 produits.
Le label AB "est loin d'être sans failles"
Déplorant qu'un produit arborant le label AB coûte bien plus qu'un produit conventionnel, le magazine dénonce "l'argument marketing de poids" qu'est devenu le précieux sésame. "À l'heure où les scandales alimentaires s'enchaînent, le logo fait figure de Graal. Pourtant il est loin d'être sans failles", souligne la rédactrice adjointe du magazine, Christelle Pangrazzi, citant plusieurs dérives, comme l'exploitation de travailleurs immigrés dans les champs ou l'utilisation de l'huile de palme, autorisée malgré le fait que sa culture participe à la déforestation. Or, ajoute-t-elle, "en optant pour le bio, le consommateur devrait avoir la garantie d'acheter responsable d'un point de vue aussi bien nutritionnel qu'écologique ou éthique".
Des produits bio de plus en plus accessibles
Selon les chiffres révélés mardi par l'Agence Bio, le bio représente désormais 5% des achats alimentaires des Français, avec près de 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires. L'Agence Bio note également le renforcement du poids de la grande distribution, qui commercialise désormais la moitié des produits bio, alors que jusqu'à l'an passé, les commerces spécialisés menaient la danse. La vente directe conserve 12% de parts de marché en 2018 (+12,8%). Étant donné le poids du secteur côté consommateur, "l'heure n'est plus aux montagnes de promesses, si bio soient-elles", conclut Christelle Pangrazzi.
Encore des efforts à faire
Parmi les 130 produits testés par le magazine, quelques uns sont emblématiques : le lait, les céréales du petit déjeuner, la pâte à tartiner, les pommes, mais aussi le vin, la viande ou le poisson. Le magazine, édité par l'Institut national de la consommation (INC), pointe plusieurs points à améliorer : l'utilisation des engrais et pesticides, l'exploitation intensive, l'impact carbone négatif des fruits hors-saison, le fait que certains fruits et légumes bio soient vendus sous plastique... Il rappelle également que "manger exclusivement bio est une utopie, pour des raisons économiques, mais aussi parce que toutes les denrées ne sont pas disponibles".