Au procès de l'agression de Marie Laguerre : "j'en ai connu des filles, allez leur demander si je suis sexiste"

La vidéo de l'agression de Marie Laguerre avait été abondamment relayée sur les réseaux sociaux. © AFP
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Salomé Legrand avec Margaux Lannuzel , modifié à

Niant formellement toute portée sexiste de ses actes, l'homme qui avait giflé une jeune femme à Paris en juillet a été condamné à six mois de prison ferme, jeudi.  

Dans le box, le prévenu n'a jamais semblé comprendre où était le problème, jeudi, devant le tribunal correctionnel de Paris. Jugé coupable d'avoir giflé une jeune femme en pleine rue en juillet, à Paris, un homme de 25 ans a été condamné à six mois de prison ferme

"Ouais, le rouge te va bien". "J'ai juste dit : 'ouais le rouge te va bien'", s'est défendu l'homme, interrogé sur l'origine de l'altercation. Ce jour-là, la jeune femme, Marie Daguerre affirme elle qu'il lui a adressé des bruits de succions et des insultes à caractère sexuel, la poussant à réagir. "Je lui ai dit : 't'es fier de toi gros fils de p***', pour être tout à fait transparente", a-t-elle reconnu devant le tribunal.

Le chef de harcèlement sexuel n'a finalement pas été retenu par le parquet, en l'absence de caractère répété des faits. C'est donc pour la suite de l'altercation que l'homme, nerveux et sur la défensive, était poursuivi : le jet d'un cendrier vers la victime, puis une gifle, suffisamment violente pour susciter un mouvement de recul dans la salle d'audience au moment de la diffusion de la vidéo. Celle-ci, largement relayée sur les réseaux sociaux cet été, avait contribué à faire de l'affaire un exemple des violences de rue

"Vous cherchez la petite bête". "C'est un petit cendrier tout ballot, pèse même pas 10 grammes", s'est défendu le prévenu, SDF, niant toute portée sexiste de ses actes. "Vous cherchez la petite bête", a-t-il aussi reproché à la présidente, qui s'est chargée de rappeler les neuf condamnations figurant à son casier judiciaire depuis 2012, notamment pour vol avec violence, proxénétisme aggravé et violences sur sa mère. 

"Ce dossier parle de violences faites aux femmes et de harcèlement de rue", a pourtant estimé la procureure à l'issue des débats, déplorant la position de "déni" du prévenu. Le tribunal a opté pour une peine pédagogique, assortie d'un stage de sensibilisation. Une problématique visiblement assez loin des considérations du prévenu, à l'image de ses derniers mots : "J'en ai connu des filles sur ma route, allez leur demander si je suis sexiste".