Le procès des attentats de janvier 2015 entre dans sa sixième semaine. Après avoir entendu victimes et enquêteurs, la cour d'assises spéciale de Paris interroge à partir de lundi les 11 accusés présents. L'un d'entre eux, Willy Prevost, avait acheté pour Amédy Coulibaly une voiture, des gilets tactiques et des couteaux. Devant la cour, l'accusé a expliqué avoir agi sous "l'emprise" du djihadiste et nié avoir connu ses projets d'attaques.
Enfant du quartier de la Grande Borne, dans l’Essonne, où il a connu Amédy Coulibaly, Willy Prevost a une lecture des faits bien différente de celle de l’accusation. Il explique, dossier médical à l’appui, avoir agi sous la menace du terroriste, qui l’avait passé à tabac quelques années plus tôt pour une histoire de dette et qui aurait menacé sa famille. "Je ne suis pas terroriste, moi", martèle-t-il.
"Ce que j'ai acheté, c'est légal"
Crâne rasé, carrure imposante et épaules voûtées, debout dans le box vitré, Willy Prevost commence à perdre patience. Il interpelle la cour : "Mais vous avez grandi où ? Est-ce que quelqu’un dans cette salle a déjà vu un homme armé arriver chez lui pour menacer sa famille ? Je me suis dit qu’il fallait aller dans son sens, faire ce qu’il demandait, sinon je connaissais le tarif. Ce que j'ai acheté, c'est légal." Willy Prevost encourt vingt ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
"Des histoires à dormir debout"
Quant à la radicalisation islamiste de Coulibaly, Willy Prévost nie en avoir eu connaissance, ou l’avoir partagée. Ce sont "des histoires à dormir debout", s'énerve l'accusé, le ton plus agressif quand on lui demande s'il est "converti à l'islam", comme l'ont dit plusieurs personnes de son entourage qui doivent être entendues plus tard dans l'après-midi.
"Al-Qaeda, qu’ils aillent se faire bombarder leur mère, ces fils de…", s’exclame-il, interrompu par son avocat, désarçonné par le langage de son client. Il conclut son interrogatoire par la liste de toutes les traces laissées par ce dernier lors de ses achats. "Vous êtes un imbécile ? Non. Si vous n’êtes pas un imbécile, c’est que vous n’aviez aucune idée de ce qu’il se tramait." Une version loin d’être partagée par les parties civiles.