Une efficacité qui reste à prouver. Invité d'Europe Soir à la veille de l'entrée en vigueur du couvre-feu à 18 heures sur l'ensemble du territoire métropolitain, Guillaume Rozier affirme qu'"il est encore beaucoup trop tôt pour conclure sur l'efficacité" de la mesure sur la circulation du coronavirus. Contrairement au gouvernement qui a mis en avant les effets positifs du dispositif, le fondateur du site internet covidtracker.fr, insiste : "Aucune donnée ne permet de dire que le couvre-feu renforcé est efficace."
Trop peu de données
Une affirmation qu'il base, sans surprise pour le fondateur d'un site qui permet de suivre l'évolution de l'épidémie via des statistiques, sur les chiffres. La décision de ce nouveau couvre-feu s'appuie sur des "données en date du 7 janvier", explique Guillaume Rozier. "Il y a 6 jours de décalage avec les dernières données en raison notamment du temps de traitement des tests, leur publication, et le traitement statistique" nécessaire pour les interpréter correctement. Or, comme l'élargissement du couvre-feu a été mis en place le 2 janvier, cela ne laisse que cinq jours pour déterminer l'efficacité de la mesure.
Un délai "trop court", selon Guillaume Rozier. "On sait que le temps d'incubation [du coronavirus] est de cinq jours, il faut donc beaucoup plus de temps que ça pour pourvoir en analyser les répercussions." Pour ce passionné de statistiques, "on s'attend plutôt à des effets une dizaine de jours après".
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Cela ne "signifie pas que le couvre-feu n'est pas efficace"
Et ce n'est pas le seul argument du fondateur de CovidTracker. S'il reconnaît que le gouvernement est dans le vrai en disant que le nombre de nouveaux cas a augmenté moins rapidement dans les départements où le couvre-feu renforcé était en place depuis le 2 janvier, cela n'a pas forcément de lien. "Quand on analyse de façon un peu plus précise, on se rend compte que c'était déjà le cas avant la mise en place de la mesure." Concrètement, "si on regarde la semaine entre le 21 décembre et le 2 janvier, le nombre de cas avait déjà augmenté un peu moins rapidement dans ces mêmes départements". Par conséquent, "à l'heure actuelle, on ne peut pas établir de causalité".
Pour autant, cela ne "signifie pas que le couvre-feu n'est pas efficace", précise immédiatement Guillaume Rozier pour éviter tout mésentente. "Il faut attendre d'avoir plus de données dans les prochains jours pour pouvoir tirer une conclusion plus franche."