Avec "Les Chatouilles", Andréa Bescond veut "sortir de la caricature de l'auteur de violences sexuelles"

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Anaïs Huet , modifié à

La réalisatrice, qui a elle-même été victime de viols étant enfant par un "ami de la famille", a voulu alerter dans le film "Les Chatouilles" sur ces agresseurs souvent insoupçonnables.

Celui qui propose de garder les enfants, qui vient régulièrement boire l'apéritif. Celui à qui l'on fait entièrement confiance et que l'on ne soupçonnerait jamais. C'est parfois lui qui commet l'irréparable, et le réitère. C'est le propos du film Les Chatouilles, qui sort ce mercredi en salles, et qui évoque les viols perpétrés par un ami de la famille sur Odette, une fillette de huit ans. Sa réalisatrice et actrice principale Andréa Bescond était l'invitée de Pierre de Vilno dans la Matinale d'Europe 1.

"Solaire et bien sous tous rapports". "Les enfants sont souvent victimes de gens de leur entourage", rappelle Andréa Bescond, qui a réalisé ce long métrage avec son mari Eric Métayer. Dans le film, cet "ami de la famille", prénommé Gilbert, est interprété par Pierre Deladonchamps. "C'est un personnage bien sous tous rapports, tellement solaire, beau gosse… C'est 'Monsieur Tout le Monde'. C'était très important pour nous de sortir de cette espèce de caricature de l'auteur de violences."

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"Ce n'était pas ma faute". Andréa Bescond sait de quoi elle parle. Sur le fond, l'histoire d'Odette est la sienne. À l'âge de huit ans, la cinéaste a subi les viols répétés d'un ami de ses parents. "Il fallait se distancier, et en même temps apporter cette universalité. On est nombreux à avoir subi ça : un enfant sur cinq, selon le conseil de l'Europe. C'est un vrai fléau", dénonce-t-elle. "Aujourd'hui, il faut pouvoir se relever de ça, en ayant la tête haute. En se disant 'ce n'était pas de ma faute et je n'ai pas à avoir honte. Moi je suis innocent, je suis en vie et j'ai envie d'être heureux'", insiste Andréa Bescond. 

Un film dur mais "grand public". Malgré son sujet extrêmement lourd et dur, Les Chatouilles laisse la place aux rires, à la joie, à la danse. "Avec Eric Métayer, on aime vivre, on aime la vie, on la croque, on la bouffe. On y a mis toute notre énergie, de la danse, du théâtre, du viscéral, une vibration physique avant d'être intellectuelle. C'est un film qui est aussi grand public, populaire. On a voulu qu'il soit totalement accessible à tous. (…) Ce film, on l'a surtout construit en termes d'espoir, de combativité et de dignité."