L'avenir de l'hôpital public sera-t-il au cœur de la campagne présidentielle ? C'est ce qu'espèrent les nombreux collectifs de soignants. Ce samedi, une nouvelle mobilisation a eu lieu un peu partout en France. C'est notamment le cas à Paris, où les manifestants se sont retrouvés non loin du ministère de la Santé. Une centaine de soignants étaient déjà présents vers midi samedi sur la place Vauban où l'on pouvait déjà observer les parkas jaunes des services d'urgence, les ponchos rouges de la CGT, mais également des banderoles du centre d'Arles et de Péronne. "Ça devient criminel", explique un soignant. "Sur le CHU de Rouen, on est à plus d’une centaine de lits qui ont disparu !"
"On ne supportera pas" une nouvelle vague
"On veut des lits et des postes pour l’hôpital public", entend-on dans un mégaphone. Un cri de colère notamment porté par les hôpitaux de proximité de Mayenne. Là-bas, sur cinq services d'urgence, quatre sont fermés la nuit d'après le collectif. Et cette situation symbolise l'abandon de la santé en France ainsi que le manque de personnel et de moyens, souligne Claire, qui travaille depuis des années dans un laboratoire francilien. "Si ça continue comme ça il n'y aura plus personne pour soigner les patients. Et ça, on n'en veut pas parce qu'on aime notre métier et on veut le faire correctement", affirme-t-elle.
Mais à côté d'elle, vêtue de son tee-shirt du collectif "Santé en danger" par-dessus son K-Way, Sophie hoche la tête. La voix tremblante, l'infirmière raconte revenir d'un burn-out de deux ans. "Je suis émue parce que je suis revenue au travail en février et j'ai vu que les conditions étaient complètement dégradées. Mes collègues sont au bout du rouleau. Une nouvelle vague arrive tranquillement et concrètement, on ne la supportera pas", assure-t-elle. "On va devoir faire des tris et ce n'est pas possible. Ce n'est pas dans notre nature de soignant."
La sécurité des patients compromise
"C'est un gâchis énorme" affirme le docteur Arnaud Chiche, fondateur du collectif. "Les soignants quand ils rentrent chez eux, ils sont hantés parce qu'ils ont potentiellement oublié de faire, ou ce qu'ils n'ont pas eu le temps de faire. Ils n'ont pas signé pour ça !", s'énerve-t-il. "Eux ce qu'ils veulent, c'est travailler et garantir la sécurité des soins aux patients. Et aujourd'hui, on ne le garantit plus", assure le soignant.
La reprise de l'épidémie de Covid-19 sonne comme un ultimatum. Cet après-midi, quelques soignants ont été reçus par un conseiller technique du ministre de la Santé. Ils réclamaient un Plan Marshall de la santé, resté sans réponse. Avant de se disperser, ils ont appelé à poursuivre la mobilisation.