"Justice en danger" : plusieurs centaines d'avocats et des magistrats se sont de nouveau mobilisés jeudi en France contre une réforme gouvernementale "déshumanisante", à quelques jours de son examen à l'Assemblée nationale.
"Justice pour tous, avec tous, partout". Faisant hurler leurs sifflets et transportant un petit cercueil symbolisant la "justice morte", des centaines de robes noires se sont rassemblées à Paris, devant le Palais-Bourbon, pour exiger "une justice pour tous, avec tous, partout" et exhorter les députés à refuser certaines dispositions du projet de réforme de la garde des Sceaux Nicole Belloubet.
Des centaines d’avocats en colère face à l’Assemblée Nationale pour dénoncer une déshumanisation de la justice.
— Remy Buisine (@RemyBuisine) 15 novembre 2018
Rassemblement contre la réforme de la justice actuellement en discussion à l’Assemblée. pic.twitter.com/kfNjil26gT
Les professionnels de la justice - greffiers, personnels de la protection judiciaire de la jeunesse, conseillers d'insertion et de probation - s'étaient également donné rendez-vous sur les marches des tribunaux à Douai, Agen, Dijon, Saint-Pierre de la Réunion ou Nice pour "maintenir la pression", à l'appel notamment du Conseil national des barreaux (CNB), du Syndicat des avocats de France (SAF) et du Syndicat de la magistrature (SM).
Une vingtaine d'avocats et magistrats réunis sur les marches du tribunal de grande instance #Agen pour protester contre la loi de programmation de la justice @SO_47pic.twitter.com/uiuQJdAZQD
— Mathilde Curien (@MathildeCurien) 15 novembre 2018
La crainte d'une justice "privatisée". Dans un communiqué commun, les organisations dénoncent "les dérives d'un projet de loi qui va engendrer une justice illisible, inaccessible, inhumaine et privatisée".
Principaux griefs : la révision des pensions alimentaires par les directeurs des caisses d'allocations familiales (CAF) et plus par les juges d'instance, des injonctions de payer délivrées par une plateforme numérique et non plus lors d'une audience ou encore l'expérimentation d'un tribunal criminel départemental, jugeant notamment les viols et uniquement composé de magistrats professionnels.
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La garde des Sceaux a de nouveau défendu jeudi matin sur France Culture sa loi, "construite pour les justiciables" et qui "recentre le juge là où il apporte de la plus-value". Son projet, examiné en séance à l'Assemblée dès lundi, prévoit notamment la dématérialisation de certains actes de procédure, la fusion des tribunaux d'instance et de grande instance ou encore la création de 7.000 places de prison.