Les élèves de Terminale S planchaient mercredi sur l’épreuve de philosophie. Au programme cette année : l’art, la politique et la vérité. Que fallait-il dire pour espérer décrocher une bonne note ? Sylvain Bosselet, agrégé de philosophie et auteur de SOS Bac philo (éditions Bréal) nous donne quelques éléments de réponse.
"Une œuvre d’art a-t-elle toujours un sens ?"
• Thèmes à aborder
Dans ce sujet, on ne pouvait pas passer à côté de l’art et du sens. L’art figuratif semble viser le beau en fonction des règles codifiées tandis que l’art moderne semble citer des émotions en général et l’art contemporain semble viser directement la réflexion sur le sens de l’art lui-même. La réalité pouvait aussi être abordée. Elle peut désigner ce qui est perçu par les sens ou les Idées des choses, au sens de Platon. On pouvait aussi évoquer la notion de beauté (le beau et le laid).
• Pièges à éviter
Comme c’est un sujet extrêmement précis, il fallait vraiment éviter le hors-sujet. Il fallait aussi éviter le plus possible le plan démembré (I. L’art, II. Le sens, III. La réunion des deux). Autre erreur à éviter : donner seulement des exemples concrets (Exemple : La Joconde a un sens, elle un sourire mystérieux qui charme le spectateur). Les exemples doivent seulement illustrer les réflexions générales.
• Les auteurs qu’on pouvait citer
On peut citer Platon, dans Timée 28 b. Pour lui, l’artiste doit imiter la nature ("Lorsque l’ouvrier, l’œil toujours fixé sur l’être immuable, travaille d’après un tel modèle et en reproduit la forme et la vertu, tout ce qu’il exécute ainsi est nécessairement beau").
Citons également Emmanuel Kant dans sa Critique de la faculté de juger § 43 : "on ne devrait appeler art que la production par liberté, c’est-à-dire par un libre arbitre, qui met la raison au fondement de ses actions".
Enfin, on pouvait penser à Jean Dubuffet dans Positions anticulturelles ("L’Occident, à perdre l’idée que le monde est constitué d’objets beaux et laids, ne ferait pas une grande perte. S’il prenait conscience que n’importe quel objet du monde est apte à constituer pour quiconque une base de fascination et d’illumination, il ferait là une meilleure prise").
"La politique échappe-t-elle à l’exigence de vérité ?"
• Thèmes à aborder
Dans ce sujet, on ne pouvait bien évidemment pas passer à côté de la politique et la vérité. La politique relève de l’action avec des impératifs à suivre. Or, on ne peut pas dire qu’un ordre est vrai ou faux mais éventuellement bon ou mauvais, juste ou injuste. On pouvait donc évoquer la morale et la religion. Enfin, la nature pouvait aussi être abordée comme fondement à imiter pour justifier les impératifs qu’on se donne.
• Pièges à éviter
dans ce sujet, il ne fallait pas répondre avec des vérités matérielles (dire par exemple ‘et ben oui il faut dire la vérité parce que les électeurs nous ont fait confiance’). Il fallait aussi éviter les réponses faciles et tous les clichés. Là non plus, il ne fallait pas disséquer le sujet en trois parties.
• Les auteurs qu’on pouvait citer
On peut citer Aristote, pour qui un ordre n’est pas susceptible d’être vrai ou faux. De son côté, Emmanuel Kant sépare l’impératif hypothétique (ce sont des ordres en vue d’atteindre un but conditionnel) de l’impératif catégorique (des ordres absolues qu’on doit réaliser de toutes façons).
Pour Rousseau, il faut suivre la nature. Il le dit dans Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes : "l’homme est naturellement bon, c’est la société qui le déprave". Pour Hobbes, c’est le contraire, il faut contrecarrer la nature. Il le dit dans Du Citoyen : "l’état naturel des hommes, avant qu’ils eussent formé des sociétés, était une guerre perpétuelle, et non seulement cela, mais une guerre de tous contre tous").
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Bac : avoir une mention sert-il encore à...par Europe1fr