Le baccalauréat va bientôt subir de profonds changements. Depuis septembre dernier, une mission planche sur la réforme du bac voulue par le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Si cette mission ne rendra ses conclusions que fin janvier, plusieurs idées directrices semblent se dégager. Selon les informations du Figaro ce lundi, le principe de quatre épreuves (deux écrits de la discipline "majeure" choisie par l’élève, un grand oral et une épreuve de philosophie) semble quasi-acté. Autres évolutions possibles : neuf parcours pour remplacer les trois séries actuelles (S, ES et L) et la fin des épreuves de rattrapage.
Le système actuel affaibli par le contrôle continu ? Actuellement, l’élève de terminale qui obtient une moyenne à l’examen du bac comprise entre 8 et 10 sur 20, doit repasser deux épreuves qu’il choisit – et s’il obtient une meilleure note, cette dernière remplace la première obtenue lors de l’épreuve écrite. En juillet dernier, près de 95.000 élèves ont été obligés d’en passer par le rattrapage. Selon le ministère de l’Education nationale, plus de 60% d’entre eux ont décroché leur "bachot" après ces épreuves orales – pour un taux de réussite globale établi à 87,9% toutes séries confondues.
Dans sa nouvelle version qui entrera en vigueur en 2021, le "nouveau bac" devrait être plus axé sur le contrôle continu. Or, lors des épreuves de rattrapage, les examinateurs sont là pour évaluer la maîtrise des sujets acquis pendant l’année. Un doublon inutile ? Oui si on en croit Le Figaro. Dans la nouvelle mouture, ces oraux pourraient être purement et simplement remplacés par un examen attentif du livret scolaire.
" A force d’avoir des informations au compte-goutte sur ce nouveau bac, on est perdus. "
Des épreuves lourdes à organiser et peu satisfaisantes. Chaque année, les rattrapages mobilisent des dizaines de milliers d’enseignants début juillet mais aussi des centaines d’établissements scolaires. Interrogés sur une éventuelle disparition de ces rattrapages, les syndicats d’enseignants ne semblent pas catastrophés même si personne ne veut arrêter "une position officielle" avant de "connaître "la version définitive" du projet du nouveau bac.
"Le rattrapage actuel n’est pas satisfaisant", estime Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa. Joint par Europe 1, il assure que "l’oral est trop court (20 minutes, ndlr) et trop souvent, les enseignants connaissent le nombre de points nécessaires à l’élève pour obtenir le bac". "A partir de là, on peut raisonnablement se poser la question de l’utilité de ces rattrapages", abonde Frédérique Rolet, secrétaire générale du SNES-FSU, premier syndicat d’enseignants du secondaire. "Toutefois, précise-t-elle, on ne peut pas simplement le supprimer sans connaître la solution alternative qui permettrait aux élèves d’avoir une seconde chance ".
"Des inquiétudes grandissent". Selon un rapport interne SNES-FSU, "la majorité des personnes interrogées se disaient attachées au rattrapage". Mais au-delà des interrogations sur ces épreuves de la dernière chance, "les inquiétudes grandissent chez les enseignants et les élèves sur ce fameux projet de bac", explique-t-on du côté du syndicat SE-Unsa. "A force d’avoir des informations au compte-goutte sur ce nouveau bac, on est perdus", renchérit Stéphane Crochet. Et de conclure : "il est grand temps de connaître le projet dans son ensemble".