Rescapé des camps de concentration d'Auschwitz-Birkenau, Elie Wiesel, l'écrivain de La nuit, est mort samedi à Manhattan à l'âge de 87 ans. Son ami Bernard-Henri Lévy était l'invité d'Europe 1, dimanche, dans C'est arrivé demain. Le philosophe a salué "un grand homme, d'une extraordinaire humilité."
"Deux hommes à la fois". Grandeur et humilité sont les deux caractéristiques choisies par BHL pour définir Elie Wiesel. "Il était l'ami des grands de ce monde, avait rencontré Clinton, Obama, mais il n'y avait pas un jour où il n'étudiait pas une page du talmud, dans la solitude de ses ancêtres, les juifs de Bucovine, de Lituanie ou de Hongrie. Il était ces deux hommes à la fois."
Selon le philosophe, celui qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1986 "n'a jamais été frappé par le tourbillon des honneurs. Il était là comme un petit survivant. Son livre La nuit (consacré à la déportation, ndlr) a cela de singulier qu'il garde une fraîcheur noire. On sent à chaque ligne qu'il est arraché au silence. C'est un livre qui manque de s'effondrer à chaque page. Wiesel avait passé dix ans à dire qu'il n'y avait pas de mot pour cela."
"S'entêter dans la mémoire" pour l'avenir. Le lien entre l'Holocauste et la paix tient de la mémoire, explique Bernard-Henri Lévy. "Il n'y avait vraiment de sens à s’entêter dans la mémoire que pour cela, pour que la mémoire de la Shoah soit un mode d'approche des autres génocides et crimes contre l'Humanité. Pour lui, le 21e siècle n'était pas très différent du 20e. Lui-même était dans un autre temps. Il vivait dans le temps tracé par les commentateurs du talmud. Il était une sorte de sage. Il croyait en l'attente d'une paix promise qui ne vient jamais."