Geneviève Legay, blessée à Nice lors de l'acte 19 des "gilets jaunes" après une charge de police, sort de son silence. La militante d'Attac, âgée de 73 ans, affirme notamment avoir pris un coup de matraque, et tance Emmanuel Macron qui "ne représente pas du tout le peuple français".
"Je ne faisais rien de mal". "Je ne me souviens absolument de rien. J'étais debout avec le drapeau de la paix, je chantais 'Liberté de manifester'", raconte-t-elle lundi à BFMTV. Le 23 mars, elle était présente dans une manifestation interdite des "gilets jaunes", alors que la mairie de Nice avait obtenu d'importants renforts de police pour éviter des débordements avant la visite du président chinois Xi Jinping. Elle manifestait avec une cinquantaine de personnes sur la place Garibaldi, lieu habituel des rassemblements à Nice, inclus ce jour-là dans un périmètre interdit.
"Je me suis retournée, j'ai vu que des policiers avaient changé, ce n'était plus les mêmes policier. Je suis naïve. Je ne faisais rien de mal, je ne m'attendais à rien", se souvient-elle encore.
"Emmanuel Macron ne sait pas ce qu'est la sagesse". La suite des événements a depuis fait l'objet d'une controverse. Si une information judiciaire a été ouverte pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique, le président de la République Emmanuel Macron avait affirmé dans un entretien à Nice-Matin que "cette dame n'a(vait) pas été en contact avec les forces de l'ordre". "Quand on est fragile, qu'on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci", avait commenté le chef de l'Etat, souhaitant également à Geneviève Legay "peut-être une forme de sagesse".
Emmanuel Macron "ne sait pas ce que c'est la sagesse. Il ne représente pas du tout le peuple français. Il ne comprend rien ou il ne veut pas comprendre", a répondu lundi la militante au micro de France Bleu Azur. "Le président de la République n'a pas eu une seule pensée pour mes filles qui attendaient à l'hôpital pour savoir si j'allais pouvoir m'en sortir et avec quelles séquelles. Et Estrosi (maire de Nice, ndlr] se permet de dire de son côté que mes blessures sont légères. C'est une honte !", a-t-elle ajouté. "Nous ne sommes plus dans un Etat de droit. La réponse d'Emmanuel Macron est autoritaire".
La militante est toujours hospitalisée. Revenant sur l'incident, Geneviève Legay livre sa version. "Ce que je crois, et que les images de vidéosurveillance de la ville de Nice prouveront, c'est qu'ils m'ont donné un coup de matraque derrière la tête. J'ai un trou en haut du crâne". La septuagénaire est victime d'intenses douleurs liées à de multiples fractures, du crâne et du coccyx, et est toujours hospitalisée dans une unité de convalescence à Nice.
"Comment je peux être blessée devant, derrière, me retrouver par terre, sans me rappeler ? Je pense que j'ai pris un coup de matraque, je suis tombée, j'ai ouvert les yeux aux urgences", s'interroge-t-elle encore.
Au micro de France Bleu, Geneviève Legay, qui affirme avoir reçu "plus d'un millier de lettres, de cadeaux", confie également son impatience de reprendre la lutte. "Je suis partante. Il me tarde d'arriver à tenir debout pour rejoindre les 'gilets jaunes', je rêve de la convergence des luttes".