Le groupe Bolloré, qui attaquait en diffamation le site Bastamag pour un article sur les rachats massifs de terres en Afrique par des multinationales, a été débouté jeudi par la cour d'appel de Paris.
L'argument de la "bonne foi". La cour d'appel a retenu l'argument de la "bonne foi", comme le tribunal de première instance, qui avait prononcé une relaxe générale : étaient poursuivis le site d'information, qui se décrit comme un média "engagé" en matière sociale et environnementale, mais aussi le cofondateur du site Rue89, Pierre Haski, une journaliste retraitée spécialiste du développement durable, ainsi qu'un ancien instituteur et un ébéniste. La cour d'appel de Paris "confirme le jugement du 14 avril 2016 en ce qu'il a débouté la société Bolloré de l'ensemble de ses demandes".
Un texte sur le "néocolonialisme". "C'est une victoire importante pour la liberté de la presse, pour les ONG qui travaillent sur l'accaparement des terres. Nous allons continuer à enquêter sur les pratiques des multinationales", a déclaré Ivan du Roy, rédacteur en chef de Bastamag. L'objet du litige était un article de Bastamag, paru en octobre 2012 et intitulé "Bolloré, Crédit agricole, Louis Dreyfus : ces groupes français, champions de l'accaparement de terres", surtitré "Pillage?", partagé sous différentes formes par les personnes poursuivies. Le texte s'interrogeait sur l'apparition d'un "néocolonialisme", avec les achats de terres de multinationales ou de certains fonds en Afrique et Asie, et sur les conséquences sociales et écologiques du phénomène.
Un "travail de cochon". L'avocat de l'entrepreneur Vincent Bolloré, Me Olivier Baratelli, avait dénoncé en décembre un "travail de cochon", soulignant que l'auteure de l'article, Nadia Djabali, n'avait même pas contacté le groupe pour avoir une réaction. Sur ce point, la cour d'appel a relevé que le point de vue du groupe étant largement relayé dans les travaux des ONG citées par Bastamag, il n'apparaissait pas nécessaire de solliciter à nouveau sa réaction.