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Louise Sallé / Crédits : CELINE MIHALACHI / AFP , modifié à
Depuis l’attentat d’Arras en novembre dernier, la région Bourgogne-Franche-Comté a relancé la formation de certains personnels de l’ensemble de ses 129 lycées, pour faire face à la menace terroriste ou les intrusions dangereuses. Les agents d’accueil sont concernés, en première ligne face au danger. Europe 1 s'est rendue à Dijon au cours de l’une de ces sessions de formation. 

Comment repérer un élève qui introduit un couteau dans un lycée ? Ou comment réagir lorsqu’un homme, qui vise un établissement scolaire, ouvre le feu dans l’enceinte ou à proximité de celui-ci ? Les menaces d’attentat terroriste, ou d’intrusion dangereuse, n’épargnent pas l’Éducation nationale, récemment exposée à plusieurs attaques. La semaine dernière, dans un lycée de Maine-et-Loire, un élève a ainsi blessé sa professeure d’anglais avec un couteau. Et à Arras, en novembre dernier, la cité scolaire Gambetta a été prise pour cible par un terroriste qui a tué un enseignant de français, Dominique Bernard

C’est cet attentat qui a d’ailleurs poussé la région Bourgogne-Franche-Comté à former cette année des personnels de l’ensemble de ses 129 lycées, en particulier les agents d’accueil. Ces derniers se trouvent en effet en première ligne face au danger. 

Faire preuve de bon sens et d’instinct de survie

À Dijon, dans les locaux du siège du Conseil régional, le formateur Yves Decker, dirigeant de la société Bis Consulting spécialisée dans la sécurité, mime le parcours d’un assaillant qui pénètre dans un lycée. Il passe entre les fauteuils derrière lesquels certains agents d’accueil tentent de se cacher, comme Nabil : "Il n’y a pas de rideaux !", s’exclame-t-il. "Et si je bouge la chaise, il va me voir, on est tous morts là", fait remarquer le gardien. "Il faut faire preuve de bon sens et d'instinct de survie", lui répond Yves. "Donc, fermez la porte à clé", indique-t-il. 

Alerter et se mettre en sûreté 

Le gardien est le premier rempart face au danger, et souvent l’une des premières victimes. À Arras, c’est un agent qui s’est placé entre le terroriste et les élèves, en se protégeant à l’aide d’une chaise. Mais la première chose à faire, c’est activer l’alarme anti-intrusion, ou "bouton d’alerte", dans sa loge, explique Yves Decker. "Vous ne pouvez pas faire plus qu’alerter et vous mettre en sûreté", affirme le formateur. "Déjà que vous êtes dans des situations qui ne sont pas nécessairement très protégées, derrière votre guichet", poursuit-il. 

"Celui qui arrive pour dégommer, il le fera"

Les consignes apprises lors de cette formation ont rassuré certains agents d’accueil. Ils savent désormais où se cacher, ou encore repérer le comportement suspect d’un lycéen ou d’un adulte qui aurait de mauvaises intentions. Mais Marie-Jo s’inquiète des nombreuses ouvertures du lycée qu’elle garde dans le centre-ville de Dijon. 

"Les élèves peuvent passer par-dessus les grilles et il y a des bagarres inter-cités", rapporte-t-elle. "On a la police, souvent, pendant les grandes récréations". Marie-Jo n’est pas convaincue que la formation l'aide à surmonter le danger. "Il y a l'instinct de survie qui sera là de toute façon", rétorque-t-elle. "Mais moi, ce que je crains, ce sont les tueries de masse, et là on ne pourra rien faire. Car celui qui arrive pour dégommer, il le fera."

Deux millions d’euros par an dans la sécurité des lycées de la région

Cette année, 215 agents d’accueil ont assisté à cette formation. Océane Godard, vice-présidente de Bourgogne-Franche-Comté en charge des lycées, s’en félicite. "On l'a vu sur l'attentat d'Arras, combien la réaction de certains personnels, de certains enseignants, peut éviter parfois un drame qui serait plus conséquent, même si ce qui s’est passé est évidemment absolument dramatique", commente-t-elle. 

"Depuis cet attentat, on a aussi reçu une quinzaine de demandes supplémentaires pour des portiques et de la vidéosurveillance. Donc, on est en train d'étudier tout ça", détaille Océane Godard. En tout, ce sont plus de deux millions d’euros qui sont investis chaque année dans la sécurité des lycées de la région, grâce à un plan voté en 2016 et doté d’un budget de 20 millions d’euros.