Un syndicat de médecins remplaçants, qui appelle les praticiens intérimaires au "boycott" de certains hôpitaux pour protester contre le plafonnement de leurs salaires, les invite mardi à "durcir le mouvement". Créé fin mars, le Syndicat national des médecins remplaçants (SNMRH) conteste un décret limitant la rémunération des médecins intérimaires à 1.404,05 euros brut pour une garde de 24 heures dès cette année. Ce plafond doit être abaissé à 1.287,05 euros en 2019, puis 1.170.04 euros en 2020.
Dans un courrier adressé début avril à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, le SNMRH prévenait déjà qu'il "demanderait à tous les médecins remplaçants d'éviter la collaboration avec les hôpitaux appliquant le décret". Il avait diffusé parallèlement, sur son site internet, une "liste noire" des établissements concernés. Malgré ses "multiples tentatives" pour obtenir une rencontre avec la ministre, le SNMRH "n'a reçu aucune réponse à ce jour", a-t-il déploré mardi dans un communiqué. "Face à ce mépris des autorités, le SNMRH a décidé de durcir le mouvement et demande à tous ses adhérents et sympathisants de refuser de remplacer dans tous les hôpitaux qui appliquent le décret 2017-1605, à compter du 15 juin 2018", écrit-il.
La ministre appelle à ne pas céder au "chantage". Il met aussi "en garde" les hôpitaux et sociétés d'intérim "qui tenteraient de pallier le déficit de médecins qu'engendrera ce mouvement en recrutant des personnels qui n'ont pas le droit de remplacer, notamment des Praticiens Hospitaliers temps plein ou des médecins non-inscrits au Conseil National de l'Ordre des Médecins". Le syndicat "se réserve le droit de poursuivre tous ceux qui enfreindront la règle" et si les autorités refusent de dialoguer, "d'autres mesures suivront", menace-t-il. "Cette attitude est irresponsable", avait réagi la semaine dernière Agnès Buzyn, appelant les établissements à "ne céder à aucune forme de chantage".
L'Ordre des médecins a aussi durci le ton lundi. Après avoir fait savoir dans un premier temps qu'il n'avait "pas vocation à intervenir dans une action collective de confrères", l'Ordre des médecins a aussi durci le ton lundi. "Les médecins ont légitimement le droit de défendre collectivement leurs intérêts matériels" mais cela "ne peut les exonérer de leurs responsabilités éthiques et déontologiques", a-t-il estimé.