La catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge, qui a fait sept morts et des dizaines de blessés en 2013, a été causée par la "vétusté" des rails, et non pas par un défaut imprévisible de l'acier, selon une nouvelle expertise métallurgique.
"Certaine vétusté" du matériel. La SNCF avait obtenu en 2016 une expertise complémentaire afin de rechercher un éventuel "défaut de l'acier" d'une pièce d'aiguillage, pouvant expliquer le déraillement du train Paris-Limoges du 12 juillet 2013. Le cœur d'aiguillage examiné présente des "microporosités ou porosités, formées lors de la solidification de la pièce" et pouvant "être de nature à favoriser la cinétique (propagation, ndlr) des fissures voire leur formation", selon un extrait de cette expertise transmis aux parties.
Mais "dans le cas présent", l'expert écrit que les fissures observées sur l'aiguillage qui a provoqué le déraillement "proviennent d'un ensemble de désordres sur la TJD (l'aiguillage, ndlr) (manques de pièces, desserrages, danses des bois...) qui témoignent d'une certaine vétusté des différents éléments en présence". "C'est cet ensemble de désordres qui, associé aux sollicitations en service (passages de trains), a provoqué l'amorçage et la propagation des fissures", ajoute-t-il.
"La thèse de la SNCF tombe". "Cela fait tomber la thèse de la SNCF", estime Xavier-Philippe Gruwez, avocat de plusieurs parties civiles. "L'expertise confirme que c'est la vétusté du réseau qui est à l'origine de l'accident, pas un défaut imprévisible de l'acier". "L'expertise dit que la rupture est due à une usure progressive et ancienne du métal, ce qui implique un défaut d'entretien prolongé", abonde Gérard Chemla, avocat de l'association des victimes de Brétigny.
L'avocat de la SNCF, Emmanuel Marsigny, a refusé de commenter cet extrait. "Il s'agit d'une page, quelques paragraphes, sur un rapport qui en fait plus de 80 et qu'aucune des parties n'a encore reçu", a-t-il déclaré. Depuis cinq ans, les experts judiciaires ont constamment expliqué la catastrophe par un défaut de maintenance, quand la SNCF a privilégié le scénario d'une fissuration rapide, brutale et imprévisible.
SNCF Réseau déjà mis en examen. La compagnie ferroviaire et SNCF Réseau (ex-RFF, gestionnaire du réseau ferré) sont actuellement mis en examen en tant que personnes morales, tous deux pour homicides et blessures involontaires. Une situation qui ne satisfait pas les victimes, qui réclament la mise en cause de personnes physiques. Dans ce dossier, trois cheminots de la SNCF, chargés de la surveillance des voies au moment du déraillement, sont actuellement placés sous le statut intermédiaire de témoin assisté.