Plus de 15 ans après la catastrophe de l'usine AZF de Toulouse qui avait fait 31 morts et des milliers de victimes le 21 septembre 2001, la justice n'est toujours pas passée. Le troisième procès s'est ouvert mardi à Paris et doit s'étaler sur quatre mois. Brigitte Aubert, victime de l'explosion est venue assister au procès. Elle était l'invitée d'Europe 1, mercredi.
"Je porterai cette culpabilité jusqu'à la fin de ma vie". Le 21 septembre 2001, Brigitte Aubert débutait une mission d'intérim en tant qu'assistante commerciale au sein de l'usine. "Ma vie a basculé ce jour-là. Je devais remplacer une collègue. Le matin même, nous avons changé de place, elle est décédée à ma place, d'où ce sentiment de culpabilité que je porte et que je porterai jusqu'à la fin de ma vie." L'explosion était d'une force équivalent à un séisme de 3,4 sur l'échelle de Richter. "J'ai vu cet éclair, décrit Brigitte Aubert, et ce nuage jaune qui est apparu. Les vitres ont explosé, puis plus rien. je me suis retrouvée avec un traumatisme crânien et que j'ai perdu connaissance. Je me suis réveillée sur une armoire", indique la victime.
Réveillée dans un état second avec du sang dans les yeux, elle ne sait pas combien de temps elle est restée inconsciente. Dans l'instant, elle ne peut faire aucune hypothèse sur ce qui vient de se passe. "C'est un collègue qui est venu me chercher. Il a fallu escalader tous les gravats pour sortir du bâtiment. Dehors, vous voyez l'Apocalypse. On n'était plus maître de notre corps. Notre cerveau ne réagissait pas."
"On nous a caché des choses". Quinze ans après le drame, vivre avec ces souvenirs est toujours "très dur. Ce procès, on l'attendait et on l'attendait sur Toulouse. Encore 15 ans après, il faut tout remettre, c'est très difficile. Je dis que ma vie a basculé mais elle est bousillée. Depuis 15 ans, je cherche ma place dans la société, que j'ai perdue et toujours pas retrouvée. Avant vous êtes une personne normale, après vous vivez avec des médicaments à vie, avec des séquelles, avec un traumatisme. Une porte claque, un ballon éclate, vous avez peur. Les avocats de l’ancien directeur de l'usine n’écartent toujours pas al thèse terroriste. Brigitte Aubert n'y "croit pas du tout. Nous, ce qu'on veut, c'est la vérité et que Total reconnaisse sa culpabilité. Cela n'effacera pas ce qu'on a subi. Mais on attend la justice. On nous a caché des choses."