Une étudiante australienne a affirmé à une chaîne de télévision australienne avoir été chassée de la plage de Villeneuve-Loubet, dans le sud de la France, par des vacanciers parce qu'elle portait un burkini. Une polémique qui a fait réagir la maire de la ville qui a fait interdire ce costume de bain intégral. Pourtant d'après deux témoins interrogés par Nice-Matin, cette histoire aurait été montée de toutes pièces par la chaine.
Montrer sa solidarité. Zeynab Alshelh, étudiante en médecine de 23 ans, voulait montrer sa solidarité avec les femmes musulmanes. C'est pourquoi elle aurait arboré un burkini, a-t-elle déclaré à la télévision australienne Channel 7. La vidéo montre d'autres baigneurs faisant des gestes inappropriés envers cette femme, assise sur la plage avec sa mère. "Nous avons été menacées par des gens qui nous ont dit que si on ne quittait pas la plage ils appelleraient la police", a-t-elle déclaré.
Touchée par cette nouvelle affaire autour du burkini, le maire Les Républicains de Villeneuve-Loubet, dans le sud-est de la France, a exprimé ses regrets à la jeune femme. "Je suis sincèrement désolé pour cette jeune Australienne". Mais "elle aurait quand même pu peut-être se demander si les gens du coin n'étaient pas encore sous le coup de l'émotion de l'attentat qui a fait 86 victimes" en juillet à Nice, a-t-il ajouté. L'histoire aurait pu s'arrêter là mais Nice-Matin a retrouvé l'une des témoins de la scène montrée par la télévision australienne et sa version est un peu différente.
Personne n'aurait demandé aux femmes de partir. Une mère de famille présente lors du tournage raconte que la caméra est arrivée avant l'homme et les deux femmes en burkini. "Ils ont marché quelques minutes le long de la plage, puis sont venus s'installer juste devant l'équipe télé". Dans la vidéo australienne, on voit ensuite un homme s'adresser semble-t-il aux deux femmes et leur dire "Vous faites demi-tour et vous partez". Mais le témoin affirme qu'il s'adressait directement aux journalistes.
"L'homme sur la vidéo est mon oncle. Il n'a jamais demandé à ce que ces trois personnes quittent la plage. Il s'adressait à la caméra pour demander au cameraman de partir. Il y avait des enfants sur la plage, dont les nôtres, et on ne voulait pas qu'ils soient filmés", raconte la femme à Nice Matin.La vidéo montre ensuite le même homme au téléphone. "Oui, il appelait la police. Pas pour les faire intervenir pour chasser ces personnes, mais pour demander comment on pouvait faire pour empêcher la caméra de nous filmer, surtout nos enfants".
"C'était scénarisé". Une version accréditée par un second témoin qui se trouvait dans l'eau, face à la plage privée Corto Maltese probablement quelques minutes avant la scène montrée par la chaîne australienne. Pour Stéphane, c'est clair : "c'était scénarisé, c'était trop gros pour être vrai et ça puait le coup monté". Il a vu l'homme et les deux femmes s'installer rapidement devant la caméra. "Ils se sont mis en plein milieu du couloir à jet-ski de la plage privée. Comme ils gênaient, le propriétaire de la plage est sorti leur demander de se pousser."
Ce dernier les aurait fait entrer dans son restaurant dont ils seraient ressortis ensuite pour arpenter la plage. Le père de famille observe que le caméraman et la journaliste sont toujours aux aguets. "On aurait dit qu'ils attendaient des réactions". Stéphane voit de loin l'altercation entre l'équipe de télévision et l'homme qui leur demande de quitter les lieux. Il confirme qu'il a ensuite pris son téléphone, mais il ne pouvait entendre la conversation. Le petit groupe fini par partir. Mais un élément alerte le témoin. "Il y avait un véhicule qui les attendait en haut de la plage, comme pour les exfiltrer au cas où..." Autant d'éléments qui remettent en doute la version de la jeune femme australienne.