"Le projet aura lieu sur le flan de la colline qu’il y a au fond là-bas, à 400-500 mètres d’ici à vol d’oiseau", montre Dominique. Le retraité qui habite la région depuis 40 ans pourra bientôt apercevoir le chantier de quatre puits de quatre kilomètres de profondeur. La centrale de géothermie profonde qui doit voir le jour à Saint-Pierre-Roche dans le Puy-de-Dôme doit permettre d’alimenter jusqu’à 18.000 foyers en électricité.
Le site de l'implantation de la centrale de géothermie profonde.
Des séismes survenus en Alsace jusqu'à 3,9 de magnitude
Mais les fluides injectés dans le sol pour faire sortir l’eau chaude suitée en profondeur et faire tourner la turbine peut faire trembler la terre. "On se rend compte que c’est un projet d’ampleur. Ça peut passer sous nos maisons. Donc forcément on s’inquiète des risques. Ça fissure complètement les maisons", s’inquiète Myriam Michon, la co-présidente de l’ACR des volcans, l’associations des habitants qui s’opposent au projet.
Les riverains en veulent pour exemple les séismes survenus en Alsace, jusqu’à 3,9 de magnitude, à cause d’un site de géothermie du même genre. Au moins 4.000 maisons auraient été endommagées par ces séismes selon un rapport commandé par la préfecture du Bas-Rhin.
>> LIRE AUSSI - Strasbourg : "arrêt définitif" de la centrale géothermique après les séismes de vendredi
"Les séismes en Alsace ont des répercussions sur 100 kilomètres aux alentours de la centrale. On peut imaginer la même chose ici", explique Myriam. "Le bénéfice-risque est énorme pour la production électrique de huit éoliennes en comparaison." Les habitants craignent aussi pour la valeur de leurs maisons. "On a un voisin qui a voulu vendre sa maison, et la vente a été annulée parce que l’acheteur a connu le projet de géothermie et le risque de sismicité", raconte la présidente de l’ACR des volcans.
Des règles de bonne conduite non respectées au moment du forage
Un risque de voir la terre trembler que reconnait TLS Géothermics, dont c’est le premier projet de géothermie profonde. Mathieu Auxiètre, son président, assure que les sols auvergnats sont plus perméables aux fluides, et que l’eau injectée circulera donc facilement dans la roche, limitant les secousses.
Il pointe également du doigt les erreurs de la société GeoRhin (anciennement Fonroche) qui, sur le site alsacien, n’a pas respecté les règles de bonne conduite au moment du forage. "Ce risque [sismique] existe. Ce dont on parle, ce n’est pas forcément de très gros séismes, mais ce qui va survenir au préalable, ce sont des microséismes et là, on va réagir en réduisant le pompage et tout va ensuite rentrer dans l’ordre", rassure Mathieu Auxiètre.
L’association ACR des Volcans a déposé un recours contre le projet devant le tribunal administratif de Clermont-Ferrand. En cas de validation du projet, le premier puits pourrait être creusé à la fin de l’année 2025. Plusieurs autres centrales géothermiques sont également à l’étude dans le Massif central.