«Caricature et démocratie» : la région Île-de-France fait entrer les dessins de presse dans les lycées

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La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a dévoilé vendredi le projet pédagogique intitulé "Caricature et démocratie". Ce programme offre aux enseignants une nouvelle ressource pour aborder, avec les lycéens, des sujets variés tels que la liberté d'expression, à travers l'analyse du dessin de presse.

La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a présenté vendredi un projet pédagogique intitulé "Caricature et démocratie". Cette initiative met à disposition des professeurs une nouvelle ressource pédagogique pour aborder avec les lycéens, à travers le dessin de presse, diverses thématiques telles que la liberté d'expression.

Cette initiative intervient à l'occasion du dixième anniversaire de l'attentat jihadiste contre la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo, visée le 7 janvier 2015 pour avoir publié des caricatures de Mahomet. Un acte tragique qui a marqué la France et qui est au cœur de cette nouvelle ressource éducative.

Un outil pédagogique autour de 12 dessins historiques et contemporains

L'outil pédagogique, élaboré par l'association Dessinez Créez Liberté , se déploie autour de 12 dessins, à la fois historiques et contemporains. De la caricature de Louis-Philippe à celle de Charlie Hebdo, en passant par l'affaire Dreyfus, ces dessins ont été soigneusement sélectionnés pour aborder des questions de société telles que la liberté de la presse, la laïcité, le terrorisme, et l'impact des réseaux sociaux.

Le kit pédagogique comprend également des fiches de décryptage et de recontextualisation, accompagnées de scénarios pédagogiques pour guider les professeurs dans la mise en œuvre d’activités en classe. 

Les professeurs auront la liberté de se saisir de ces outils pédagogiques ou de les enrichir. "Aucun sujet n'est interdit", a insisté Valérie Pécresse, soulignant l’importance de discuter librement des sujets dits "tabous". Elle a exprimé son inquiétude face à ce qu'elle décrit comme une autocensure grandissante des enseignants depuis l'assassinat de Samuel Paty, en octobre 2020. Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, a été tué après avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression. Valérie Pécresse a estimé que cet événement tragique a exacerbé la crainte des enseignants d'aborder ces sujets délicats.

Parler librement de ce qui est "sacré" et "tabou"

L'objectif de ce projet est de permettre aux élèves de parler librement de ce qui est "sacré" et "tabou", explique Lodi Marasescu, dessinateur et chargé de mission pour l'association Dessinez Créez Liberté. Il adopte un principe simple : "Rien n'est sensible". Il est crucial, selon lui, que les élèves puissent discuter de tous les sujets, y compris ceux qui sont souvent évités dans le débat public.

"On peut se moquer de tout", a réaffirmé Valérie Pécresse , en soulignant que ce projet trouve son origine dans les attentats islamistes de 2015, un sujet qui "ne sera pas éludé" dans le cadre de cette initiative éducative.

Lors des attentats de 2015, les lycéens d’aujourd’hui étaient âgés de 5 à 8 ans, et ne gardent probablement qu’un souvenir partiel de ces événements dramatiques. C’est pourquoi, dans le cadre de ce projet, des dessinateurs historiques de Charlie Hebdo comme Riss et Coco, ainsi que l’avocat du journal, Richard Malka, interviendront auprès des lycéens pour témoigner et échanger autour de ces enjeux cruciaux.

Une initiative qui suscite des réactions politiques

Valérie Pécresse a reconnu que ce projet a aussi un aspect militant. La présidente de région a expliqué que son but est de poursuivre le combat contre "l’idéologie islamiste qui a tué des enseignants", en mettant en avant la nécessité de maintenir les valeurs républicaines de la laïcité et de la liberté d'expression.

Cependant, cette initiative a suscité des critiques, notamment de la part de l'opposition de gauche. Elle dénonce une "politisation à outrance" d’une initiative qui, selon elle, aurait pu être bénéfique sans cet aspect partisan. L'opposition estime que Valérie Pécresse cherche avant tout à "exister politiquement", sans prendre en compte l'impact réel et scolaire de ses actions.