Le parquet de Créteil, saisi d'une plainte mettant notamment en cause une filiale camerounaise du groupe français Bolloré, Camrail, après une catastrophe ferroviaire survenue au Cameroun en octobre dernier, a requis l'ouverture d'une information judiciaire. "L'une des victimes est domiciliée dans le Val-de-Marne, la juridiction de Créteil est donc compétente", a précisé une source judiciaire.
Plainte pour homicide volontaire. Le Syndicat professionnel des conducteurs de train du Cameroun et le Comité de libération des prisonniers politiques (CL2P), une organisation d'opposition basée en France, ont déposé une plainte contre X avec constitution de partie civile, notamment pour homicide volontaire, une infraction criminelle qui permet à la justice française de se saisir. Le déraillement de ce train le 21 octobre 2016 près de la gare d'Eseka (200 km au sud de Yaoundé) a fait 79 morts et au moins 550 blessés.
Dans leur plainte, les mandants estiment que "Camrail avait nécessairement conscience qu'en accomplissant l'acte de faire partir ce train dans les conditions déplorées, il en résulterait de manière certaine la mort de plusieurs voyageurs". Le train, qui assurait la liaison entre Yaoundé et la capitale économique Douala, était bondé lorsqu'il a déraillé. Il circulait à une vitesse "anormalement élevée", avait admis un haut responsable de l'entreprise Bolloré quatre jours après la catastrophe.
Enquête au Cameroun. Camrail est contrôlé à 77,4% par le groupe Bolloré, dont le siège est en France, à Puteaux (Hauts-de-Seine). A ce titre, les plaignants avaient déjà engagé une action devant le tribunal de Nanterre, compétent pour ce département, mais en février le parquet s'était déclaré incompétent faute de victime dans son ressort.
Si les réquisitions du procureur de Créteil sont suivies, elles permettraient l'ouverture d'une information judiciaire par un juge d'instruction. Une enquête judiciaire est en cours au Cameroun.