Une patiente est morte mardi matin aux urgences de l'hôpital Lariboisière, dans le 10ème arrondissement de Paris, où elle était arrivée lundi soir. Une enquête a été ouverte.
Que s'est-il passé aux urgences de l'hôpital Lariboisière entre lundi soir et mardi matin ? C'est la question qui se pose après la mort d'une femme, décédée malgré son admission aux urgences de l'établissement du 10ème arrondissement de Paris. Une enquête en "recherche des causes de la mort" a été ouverte par le parquet de Paris et confiée à la police judiciaire. L'institution francilienne "transmettra toutes les informations à la justice", assure l'institution dans un communiqué, publié mercredi. "La famille de la patiente a été prévenue par l'hôpital qui lui a fait part de ses condoléances et de son soutien", est-il précisé.
Près de 12 heures passées aux urgences
Âgée de 55 ans selon une source syndicale, la patiente a été prise en charge par la brigade des sapeurs-pompiers de Paris et conduite au service d'accueil des urgences lundi "vers 18h45", selon l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP). Elle y a été "accueillie par l'infirmière d'accueil et d'orientation et enregistrée dans le circuit de prise en charge du service", d'après la même source. Son décès, "inexpliqué", a lui été constaté à 6h20 mardi, toujours au service d'accueil des urgences. Il a été signalé dans la journée au procureur de la République de Paris.
"Elle souffrait de céphalée et de fièvre, et n'avait pas réussi à trouver un médecin en ville", a commenté à propos de la patiente décédée l'urgentiste Patrick Pelloux, membre de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), interrogé par Le Parisien. "Elle a été vue par une infirmière d'accueil qui a estimé que son état n'était pas grave, et qu'elle devait patienter, comme pour beaucoup d'autres patients." Selon le médecin, "il semble" que la patiente ait été appelée après cinq heures d'attente, sans réponse. "A-t-elle été cherchée alors ? Était-elle dans le coma ? On ne le sait pas. Il est sûr en tout cas qu'elle n'a pas vu de médecin." La femme aurait été découverte morte sur son brancard au moment du changement d'équipe aux urgences.
"Peut-être un problème de procédure"
S'avançant moins dans le détail de la nuit, l'AP-HP indique que la chronologie détaillée des faits doit être précisée par une enquête interne, en plus de celle menée par la justice. Celle-ci doit notamment permettre de savoir si la patiente a vu un médecin, si le niveau d'activité du service était normal et les effectifs en nombre suffisant. Y a-t-il eu défaillance dans la prise en charge de cette femme ? "Elle est décédée, donc forcément", a répondu mercredi soir la ministre de la Santé Agnès Buzyn, interrogée par France 3. Mais d'après la ministre, "il ne faut pas forcément mettre ça sur (le compte d') un problème de moyens, c'est aussi peut-être un problème de procédure. Cette femme, visiblement, a été appelée (par le personnel hospitalier, ndlr), elle n'a pas répondu et on a considéré qu'elle était partie."
La saturation des hôpitaux en question
Sans attendre les résultats des deux enquêtes, le premier syndicat de l'AP-HP, l'Usap-CGT, a tenu à rappeler que les urgences de Lariboisière sont "fréquemment en saturation", dénonçant dans un communiqué "le manque de lits et de moyens". Le service est "le plus gros de la capitale en terme de passages" avec près de 300 patients par jour en moyenne, selon le syndicat, qui avait déjà "tiré le signal d'alarme" en juillet. Comme le rapporte France Bleu, le personnel paramédical de l'institution avait manifesté au mois d'août dernier pour alerter sur le manque d'effectif. "C'est une vraie poudrière la salle d'attente, avec six ou dix heures d'attente, quelqu'un de normal péterait un plomb", confiait à la radio un infirmier de nuit.
"Il est clair qu'il y a des personnes qui décèdent dans les salles d'attente des services d'urgence", a renchéri François Braun, président de Samu-Urgences de France, jeudi matin sur Europe 1. "Trop de gens viennent vers les services d'urgence. On sait que globalement quatre patients sur dix pourraient être pris en charge ailleurs, par la médecine de ville." De son côté, l'Amuf a "alerté" mercredi le gouvernement sur la situation devenue globalement "impossible à gérer" aux urgences hospitalières, qui ont enregistré 21 millions de passages en 2016.