Le 21 février 1916, les Allemands lançaient à Verdun l'offensive de ce qui fut la bataille la plus sanglante de la Première Guerre Mondiale : plus de 300.000 morts et 500.000 obus tirés. Le tout premier monument inauguré sur place en 1920 a une histoire particulière. On l'appelle "la tranchée des baïonettes". A cet endroit, des soldats français auraient été tués, ensevelis vivants par un obus. A l'occasion du centenaire de la bataille de Verdun, Europe 1 revient sur la légende.
Un lieu inventé pour symboliser le courage des soldats. Derrière une grande arche en béton, il y a ce monument un peu sombre, avec une tranchée de terre et sept croix alignées là où sont enterrés des soldats inconnus. On raconte qu'à cet endroit pendant le bombardement, des soldats français se tenaient debout dans une tranchée et qu'ils ont été ensevelis vivants. Une histoire qui est en réalité une légende, ce serait en effet un lieu inventé pour symboliser le courage des soldats. "Qu'un obus comble d'un coup et nivelle totalement une tranchée, en laissant des hommes surpris et debout enterrés vivants, c'est totalement impossible", assure Franck Meyer, historien à Verdun, au micro d'Europe 1.
Une scène montée de toute pièce. La légende se serait construite avec le tourisme patriotique qui se met en place au lendemain de la guerre. "C'est l'image du soldat héroïque, côte à côte dans la tranchée, faisant obstacle avec leur corps. C'est la formule de Verdun : 'On ne passe pas !'", explique l'historien. Car la réalité, c'est que des soldats morts ont été entassés ici et qu'on a sans doute planté des fusils dans le sol pour signaler une fosse commune, précise Franck Meyer. Si la légende tient encore cent ans après, c'est peut-être parce qu'elle donne l'image d'un pays tout entier qui se dresse pour défendre Verdun. Cette bataille n'a pourtant pas accéléré la fin de la guerre et reste le symbole d'une boucherie.