Chaque jour, Europe 1 se penche sur une idée ou un problème dans votre quotidien. Accepteriez-vous de payer plus cher votre médecin, sans être intégralement remboursé, par conséquent ? En protestation contre la quasi non-revalorisation du prix des consultations par la Sécurité sociale (1,50 euro à peine), de plus en plus de médecins décident eux-mêmes d’augmenter leurs tarifs, quitte à s’exposer à des sanctions.
Les médecins généralistes sont en colère. Ces derniers mois, ils ont fait grève à plusieurs reprises pour réclamer une revalorisation du tarif de la consultation, aujourd’hui fixé à 25 euros . L’Assurance Maladie leur a finalement accordé une hausse de 1,50 euro, applicable dès cet automne, bien loin de ce qu’ils espéraient. Alors, en signe de protestation, certains généralistes ont décidé d’augmenter eux-mêmes le tarif de leur consultation, quitte à risquer d’être déconventionnés.
"Vu la charge de travail qu’ils ont, c’est à tout à fait normal"
Depuis le 1ᵉʳ juin dernier, la consultation chez le docteur Bruno Pacini, médecin généraliste à Thionville en Moselle, est passée de 25 à 30 euros, soit 5 euros de plus non remboursés pour ses patients. Pourtant, dans sa salle d’attente, ils acceptent ce nouveau tarif.
"Vu la charge de travail qu’ils ont, c’est à tout à fait normal. Cela permet aussi qu’on ait encore des médecins", estime un patient. "Je pense quand même que ce serait à la Sécurité sociale d’augmenter les tarifs", souligne une autre patiente, qui compte sur sa mutuelle pour prendre en charge ces 5 euros supplémentaires. "5 euros, ce n’est pas grand-chose pour être bien soigné", conclut un habitué du cabinet.
>> LIRE AUSSI - Après deux ans de recherche, un village de Moselle a enfin trouvé un nouveau médecin généraliste
"On demande juste une revalorisation de la consultation à 30 euros"
Depuis la mise en place de ses nouveaux tarifs il y a trois mois, Bruno Pacini n’a pas l’impression d’avoir perdu de patients. Il sait que c’est un risque, mais après six ans sans augmentation du prix de la consultation, il accepte de le courir. "À aucun moment, on a reçu de revalorisation qui soit à la hauteur de l’inflation et du coût de la vie", regrette-t-il.
"On nous demande de plus en plus de choses. Je travaille 13 heures par jour, cinq jours sur sept", poursuit-il. "Tout le monde était bien content qu’on soit là au moment du Covid, et on le sera encore à l’avenir. On ne demande pas la Lune : une revalorisation à 30 euros la consultation", résume ce médecin installé à Thionville depuis près de 30 ans.
Ce dernier se dit "très surpris" qu’il n’y ait eu "pour ainsi dire, aucune négociation possible" avec l’Assurance Maladie , qui a fini par annoncer une revalorisation de 1,50 euro seulement à l’automne prochain, faisant passer le prix de la consultation à 26,50 euros. "On veut juste le respect du travail que l’on fournit", insiste-t-il.
"Allez-y ! Déconventionnez-nous !"
En dépassant ainsi le plafond de la Sécurité sociale, Bruno Pacini sait qu'il risque d’être déconventionné. "Les courriers de menaces ont déjà commencé à arriver", raconte-t-il. "Je vais aller au bout du raisonnement : je vais dire 'chiche!'", lance-t-il.
"Allez-y, déconventionnez-nous ! Quand vous aurez 50% des médecins qui seront déconventionnés, vous ferez quoi ? Vous ferez appel à qui ?", s’agace-t-il. Comme lui, une vingtaine de ses collègues généralistes de la région de Thionville ont ainsi augmenté leurs tarifs ces derniers mois, en signe de protestation.