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Stéphane Burgatt , modifié à
À Marseille, pour convaincre Gérald Darmanin de renoncer à la réforme de la police judiciaire, des centaines d'enquêteurs se sont rassemblés lundi avec le soutien de magistrats. Les membres de la PJ craignent de perdre leur indépendance avec cette réforme qui prévoit de placer tous les services de police du département sous l'autorité d'un seul Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet. 

Il est rare que la police proteste. Pourtant, lundi 17 octobre, les policiers et magistrats sont descendus dans la rue contre la réforme de la police judiciaire (PJ) souhaitée par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. La réforme prévoit une réorganisation de la PJ, véritable police d'investigation. Les enquêteurs de la PJ craignent de perdre leur indépendance, et redoutent l'intervention du politique, avec le renforcement de l'autorité des préfets. Les magistrats partagent également ces craintes.

"On est la meilleure police du monde"

À Marseille, sur les marches du palais, les robes noires se joignent au mouvement contre la réforme de la police judiciaire. Clara Grande, représentante du Syndicat de la magistrature, redoute une possible perte d'indépendance de la justice : "Désormais, ce sera le préfet qui sera le principal chef hiérarchique, alors que jusque-là, nous pouvions faire appel à une police judiciaire qui n'est pas soumise au préfet et donc à qui on peut confier des enquêtes qui ne sont pas soumises à une pression statistique ou à des questions d'image politique."

À ses côtés, des officiers comme Bruno Attal, du syndicat France Policiers en colère, ne désarment pas et continuent d'exiger l'abandon de cette réforme qu'ils qualifient de nivellement vers le bas. "Il y a un truc qui marche en France, c'est la police judiciaire. On est la meilleure police du monde. Les Américains viennent apprendre de la police judiciaire française", déclare-t-il au micro d'Europe 1.

"Il faut que les citoyens prennent conscience qu'avec cette réforme, par exemple sur l'affaire Lola, vous n'aurez plus quinze policiers pour travailler. Si demain cette réforme se fait, vous aurez le policier qui s'occupe de l'affaire Lola qui va aussi s'occuper des vols de scooters dans la même journée. C'est un réel scandale", poursuit-il. Lors du rassemblement, des familles de victimes de règlements de comptes ont apporté leur soutien. Elles craignent que cette réforme n'aboutisse à l'accumulation de crimes restés impunis.