Dans la nuit de samedi à dimanche, nous passerons à l'heure d'hiver. A 3h du matin dimanche, il sera donc 2h. En d'autres termes, nous gagnerons une heure de sommeil, petite compensation pour ceux qui rechignent chaque année à l'idée de voir le soleil se coucher plus tôt. Mais ce passage à l'heure d'hiver pourrait bien être le dernier.
Le Parlement européen y est favorable. En février, le Parlement européen s'était en effet dit favorable à la suppression du changement d'heure, arguant notamment que ce système entraîne des effets négatifs sur le sommeil des citoyens. Par ailleurs, selon la Commission européenne, les économies d'énergies - ce pourquoi le changement d'heure a été instauré au départ dans les années 1910 en France, en Allemagne ou au Royaume Uni - sont aujourd'hui marginales. Ce système n'a donc plus d'intérêt majeur, estime Bruxelles.
Des millions d'Européens aussi. Cet été, ce sont aussi plus de 3 millions de citoyens européens qui se sont déclarés en faveur de la fin du changement d'heure lors d'une consultation publique organisée par la Commission européenne. Huit personnes sur dix ayant fait la démarche d'aller répondre à la consultation ont dit souhaiter la disparition de l’alternance entre l'heure d’hiver et l'heure d’été.
Un résultat accueilli par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, comme un plébiscite. Fin août, il a donc promis d'abolir ce système dès l'automne 2019, ajoutant que son idée serait de rester en permanence à l'heure d'été.
Les pays doivent encore trancher. Mais ce n'est pas fait pour autant. La décision finale devra être prise par le Parlement européen dans les mois qui viennent mais aussi, et surtout, par chacun des pays concernés qui ont jusqu'au 31 mars 2019 pour se décider. La mesure, pour être adoptée, doit obtenir une majorité qualifiée, c'est à dire être votée par 15 des 28 pays européens et soutenue par des pays représentant au moins 65 % de la population de l'Union européenne.
Or, aujourd'hui, tous les pays ne sont pas sur la même longueur d'onde. L'Allemagne, la Finlande et l'Espagne se sont déjà dit clairement emballées, Angela Merkel parlant même de "très grande priorité". Mais de l'autre côté des Alpes, en Italie, la réaction est toute autre. Le 31 août, le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, membre du parti néofasciste la Ligue du Nord, a déploré dans un tweet un tel changement. En France, l'exécutif ne s'est pas prononcé pour l'heure sur la question. "J'attends la réponse d'Emmanuel Macron", confie à Europe 1 Karima Delli, eurodéputée à l'origine de l'adoption par le Parlement européen d'une résolution demandant à la Commission européenne de se pencher sur cette question.
… et se mettent d'accord sur l'heure à adopter. Si la suppression du changement d'heure était finalement adoptée, la question ne serait pas totalement réglée pour autant. Car les États auront encore à se prononcer sur l'heure choisie, à savoir heure d'été ou heure d'hiver. "Il va falloir faire des 'paquets' d'Etats voisins qui s'accordent sur la même heure", précise Karima Delli. "Sinon le risque est de compliquer la vie des travailleurs transfrontaliers". Là encore, les pays membres devront négocier !