Faut-il avoir peur de la "salmonelle typhimurium" ? Selon Le Parisien, cette nouvelle souche de la bactérie, déjà responsable de plusieurs épidémies dont certaines ont causé des décès, se répand à une vitesse inquiétante. En 2017, plus de 2.000 personnes ont souffert d'une gastro-entérite causée par l'ingestion de saucisses, saucissons ou jambons contaminés. Europe 1 fait le point.
Que sait-on de cette nouvelle bactérie ?
Comme le précise le CNRS, la salmonelle est divisée en plusieurs sous-espèces, dont l'Agona, à l'origine du scandale Lactalis, et, donc, la Typhimurium. Selon l'Institut national de recherche et de sécurité (Inrs), cette dernière se transmet "par voie digestive", principalement par la consommation de viande de porc. "Alors que l'on en détectait qu'une cinquantaine en 2007, on en est à 2.500 par an maintenant", indique au Parisien François-Xavier Weill, directeur du centre national de référence des salmonelles à l'institut Pasteur. Mais pour les autorités sanitaires, la tâche n'est pas simple : contrairement aux canards qui meurent de la grippe aviaire, par exemple, les porcs porteurs des bactéries dans leur système digestif ne présentent aucun symptôme. "Ces salmonelles peuvent donc se propager dans les élevages si les bâtiments ne sont pas bien nettoyés", indique au Parisien Vincent Leclerc, responsable de projet épidémiologique à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
Une étude réalisée par Santé publique France révélait la présence de 22 souches de salmonelles typhimurium à Paris, dès décembre 2012, contre seulement 4 en 2010. A l'époque, une enquête alimentaire avait permis de remonter jusqu'à un traiteur du 7ème arrondissement, confirmant que la bactérie se développait dans des environnements où les normes d'hygiène n'étaient pas bien respectées. Une inspection inopinée avait révélé une capacité frigorifique insuffisante de la vitrine du magasin, et un manque d'entretien des surfaces et ustensiles de cuisine.
Quels sont les risques ?
"Il y a environ cinq ans, plusieurs lots de saucisson sec, contenant de la salmonelle, ont été identifiés et rappelés", indique au Parisien Didier Delzescaux, directeur de l'interprofession porcine. "Cela a donné lieu à une réflexion puis à une charte. Aujourd'hui, on maîtrise mieux le risque." Pour la santé du consommateur, les conséquences sont les mêmes que pour les autres bactéries salmonelles : la plupart des personnes touchées attrapent une gastro-entérite, parfois aiguë. Mais les conséquences peuvent être plus lourdes chez les personnes au système immunitaire affaibli, les femmes enceintes, les nourrissons et les personnes âgées avec, notamment, un risque de septicémie.
Comment se protéger ?
De premières mesures sont prises au stade de l'abattage, où les professionnels doivent notamment prendre garde à ce que le tube digestif de l'animal n'entre pas en contact avec ses muscles. Côté consommateur, l'Anses recommande plusieurs gestes simples : bien se laver les mains après avoir manipulé des aliments crus, cuir les viandes à coeur et ne pas les replacer dans le même plat après la cuisson. Il est également conseillé de bien respecter la chaîne du froid, en ne laissant pas de charcuterie crue trop longtemps dans le coffre de sa voiture, par exemple.