La réforme de la chasse a été amorcée il y a un peu plus d'un an. Photo d'illustration. 2:07
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Pierre Herbulot, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Deux fois moins cher, le permis de chasse national a trouvé son public avec trois fois plus de demandes cette année.
ON DÉCRYPTE

C'est un chiffre considérable publié jeudi : en un an, le nombre de permis de chasse demandés en France est passé de 90.000 à 290.000, soit une augmentation de plus de 220%. S'agit-il d'une explosion de l'attrait pour la chasse en 2019 ? Pas vraiment, en réalité.

Cette très forte augmentation du nombre de permis demandés ne veut pas dire qu'il y aura plus de chasseurs dans nos campagnes, mais qu'il y aura plus de potentiel de chasse : avec le permis national, c'est toute la France qui devient un terrain de chasse. 

Un "cadeau" d'Emmanuel Macron

Jusqu'à l'an dernier, ce permis national était délaissé par les chasseurs, qui le trouvaient trop cher par rapport au permis départemental. Emmanuel Macron a fait passer son prix de 400 à 200 euros, ce qui a fait exploser les demandes : un chasseur sur deux a choisi un permis national cette année, contre un sur dix l'an dernier. C'est au-delà des attentes de la Fédération française de chasse.

" Il faut qu'on arrête de tirer sur des espèces déjà à l'agonie, comme s'y était engagé Emmanuel Macron "

En revanche, les associations de protection de l'environnement sont dépitées par ce chiffre. "C'est très désolant de favoriser la chasse en France, alors que c'est le premier pays d'Europe en termes de temps de chasse, de nombre d'espèces chassées et de chasseurs en activité", déplore au micro d'Europe 1 Allain Bougrain-Dubourg, de la Ligue de Protection des oiseaux. "Au contraire, il faut qu'on arrête de tirer sur des espèces déjà à l'agonie, comme s'y était engagé Emmanuel Macron. Il y a un moment, ça commence à bien faire."

La baisse du prix du permis de chasse devrait par ailleurs créer un manque à gagner de 18 millions d'euros pour l'État. Au lieu de rendre le permis national plus accessible, cette somme aurait pu être investie dans la protection de l'environnement, soulignent les associations.