Après plusieurs jours de débat, les pays occidentaux ont adopté de nouvelles sanctions contre la Russie face à l'invasion de l'Ukraine par cette dernière. Parmi les nouvelles mesures, les pays ont décidé d'exclure de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, un système d'échange d'informations financières. Des sanctions lourdes, qui doivent impacter l'économie russe, mais qui pourraient avoir des conséquences sur les économies occidentales, notamment sur les secteurs de l'énergie, mais aussi de l'agriculture.
Puissance agricole russe
"La conséquence directe de la guerre en Ukraine a été l'augmentation du prix du maïs, du blé, du tournesol", s'alarme Christiane Lambert, présidente de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA). "Quelles vont être les réactions de Poutine (ndlr : aux sanctions) ? Le président russe est imprévisible. Est-ce qu'il va arrêter de livrer ou livrer moins d'engrais et de gaz ? Est-ce qu'il va arrêter d'importer un certain nombre de produits qui restent encore à l'importation pour la Russie", se demande la présidente du premier syndicat agricole de France, qui craint une explosion des charges dans les semaines à venir pour les agriculteurs.
Car la Russie et l'Ukraine pèsent à elles seules 29% des exportations de blé mondial. "Monsieur Poutine s'est construit une agriculture performante", souligne Christiane Lambert. Et d'ajouter : "Il faut rappeler qu'après l'invasion de la Crimée en 2014 et des premières sanctions, la Russie a investi 52 milliards de dollars dans son agriculture. (...) Aujourd'hui prendre des sanctions alimentaires envers la Russie est totalement inutile. Poutine a construit l'arme alimentaire et tient tête aujourd'hui à tout le monde en disant : 'vous pourrez prendre les sanctions alimentaires que vous voulez, ma population n'aura pas faim'", explique la présidente de la FNSEA.
"Ambition de souveraineté" alimentaire
Face à la situation, le président de la République Emmanuel Macron a assuré que l'Etat apportera son soutien aux agriculteurs, en promettant un plan de résilience et un bouclier européen pour le monde agricole. "Face à l'arme alimentaire de Poutine, il est évident que la France et l'Europe doivent développer le bouclier alimentaire. Or, nous n'en avons pas pris le chemin", s'inquiète Christiane Lambert, qui pointe du doigt la "capitulation" de la France sur certains produits. "Nous importons 60% de nos fruits ou encore 40% de nos poulets qui viennent notamment d'Ukraine."
"Quand la France renonce à son alimentation, elle devient fragile et l'Europe aussi", assure la présidente de la FNSEA. "Le bouclier alimentaire que nous devons développer, c'est d'être capable d'avoir une production suffisante pour que nos populations ne soient pas victimes d'inflation élevée, chaque fois qu'il y a un conflit quelque part. Mais pour ça, il faut afficher une ambition de souveraineté", assure-t-elle.
Et d'ajouter : "Quand on parle de produire plus en France, pour certains, c'est un gros mot. Mais non, la population augmente en France, en Europe, dans le monde. Nous avons besoin de production. Si nous produisons moins, les prix flambent plus souvent."