Il y a cinq ans, Mohamed Merah semait la terreur et l’effroi dans la région de Toulouse, en abattant froidement trois militaires et quatre personnes à l'école juive Ozar Hatorah. Dimanche, la République, incarnée par le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux, a rendu hommage aux sept victimes du "tueur au scooter".
"Aujourd'hui, cinq ans après, la douleur et l'effroi demeurent en nous. Ils n'ont pas disparu, ils ne se sont pas apaisés avec le temps. Cinq ans après la tragédie, il nous est impossible d'oublier", a déclaré le ministre de l'Intérieur lors de la cérémonie d'hommages à l'école juive Ozar Hatorah, rebaptisée Ohr Torah.
"La République n'oublie pas". "Comme vous, la République n'oublie pas. Elle se souvient de ses enfants emportés dans la nuit du terrorisme à Toulouse et Montauban", a ajouté Bruno Le Roux, sans jamais prononcer dans son discours le nom du jihadiste. "Jamais, jamais il n'y aura de refuge sur le sol national pour les terroristes qui s'en prennent à nos enfants, à nos proches, à nos amis, à nos policiers et à nos soldats. Jusqu'au dernier, nous les traquerons. Jusqu'au dernier, nous les jugerons", a insisté Bruno le Roux. "De même, quiconque se rend coupable d'actes antisémites ou racistes sera inlassablement recherché, arrêté et traduit en justice", a-t-il dit.
Un arbre de vie dévoilé. Les hommages à l'école, marqués par des prières et des chants, ont rassemblé plus d'un millier de personnes. L'arbre de vie, une sculpture offerte par l'artiste Charles Stratos, a été dévoilée. Un moment de recueillement avec énoncé de toutes les victimes et dépôt de gerbes a ensuite eu lieu près du Capitole.
"Barbarie terroriste". "Il y a cinq ans, la France pour la première fois depuis longtemps, était à nouveau frappée par la barbarie terroriste. Pour la première fois depuis longtemps, nous étions confrontés à la terreur. C'est à Toulouse et à Montauban que tout a commencé", a rappelé Bruno Le Roux. "Comme bien souvent dans l'Histoire, les premières cibles furent des juifs et des soldats. Des Français juifs assassinés parce qu'ils étaient juifs. Des militaires français, tombant sous les balles parce qu'ils portaient l'uniforme". Et face à cette "barbarie", le ministre de l'Intérieur s'est félicité de la "fermeté absolue avec laquelle les Français ont refusé d'entrer dans la spirale de la division, comme l'auraient souhaité nos ennemis".
La commémoration dans l'école juive est une première. Auparavant, il n'y avait eu qu'une rencontre d'élèves avec François Hollande accompagné du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, en novembre 2012.
Le début d'une vague terroriste. Le 11 mars, à Toulouse, Merah a tué le maréchal des logis chef Imad Ibn Ziaten, 30 ans. Le 15 mars, à Montauban, le jihadiste a assassiné le caporal Abel Chennouf, 25 ans, et le 1ère classe Mohamed Legouad, 23 ans. Grièvement blessé, le 1re classe Loïc Liber, 27 ans, est depuis tétraplégique. Enfin, le 19 mars, le jeune homme au scooter a attaqué l'école confessionnelle toulousaine, où était scolarisé la fille d'un de ses avocats. Le visage caché par son casque de motard, il a exécuté le "rav" (professeur de religion) Jonathan Sandler, 30 ans, ses deux fils Arieh, 5 ans, et Gabriel, 4 ans, ainsi que Myriam Monsonégo, 7 ans, la fille du directeur. Aaron Bryan Bijaoui, 15 ans, avait été blessé.
Merah, qui se proclamait "combattant d'Al-Qaïda" et filmait ses actes avec une GoPro, a été abattu par les forces de l'ordre le 22 mars à Toulouse. Après la folie meurtrière de Merah, le djihadisme a fait 238 morts en France, avec les attaques de janvier 2015 à Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, du 13 novembre à Paris et Saint-Denis, du 14 juillet 2016 à Nice et du 26 juillet à Saint-Étienne du Rouvray.