"Comment on fait les bébés ?", cette question, de nombreux parents la redoutent. Et pourtant, le psychiatre et sexologue Philippe Brenot auteur de Pourquoi c’est si compliqué l’amour et Samuel Comblez, directeur des opérations de l'association de protection e-enfance et auteur de La sexualité de vos ado en parler ça n’est pas compliqué, assurent que les adultes doivent aborder le sujet avec les plus jeunes. Pour cela, les invités de Wendy Bouchard donnent quelques conseils aux parents.
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Parler de sexualité dès la plus tendre enfance
Étant donné que "la sexualité est apprise chez les humains", rappelle le sexologue Philippe Brenot au micro de Wendy Bouchard, les adultes ont pour mission de l'enseigner. Et ce, peu importe l'âge de l'enfant. Il suffit d'adapter son discours. "Dès la maternelle, on peut parler de vie relationnelle", explique Samuel Comblez. "L'idée est de poser les bases d'une relation saine avec les autres." Dans ce cadre, il est plutôt question de respect de l'autre, de tolérance et de sensibilisation au consentement.
Le spécialiste de la protection de l'enfance sur Internet propose "d'inverser le rapport entre l'adulte qui sait tout et l'enfant à qui l'on doit tout apprendre. On peut demander : 'Qu'est-ce que tu sais de la sexualité ?' Cela permet d'évaluer le vocabulaire et le niveau de compréhension de l'enfant." Un auditeur gynécologue conseille également la vidéo sur le sujet qui prend l'exemple de la tasse de thé dont on peut avoir envie ou non.
Ne pas hésiter à faire appel à des livres ou à un médiateur
Si un parent ne se sent pas à l'aise avec ces questions, il peut fournir à son enfant un livre (négligemment abandonné dans les toilettes, comme le suggère Samuel Comblez). Le Guide du zizi sexuel (publié chez Glénat en 2001) qui a fait l'objet d'une grande exposition en 2007 est par exemple un bon outil. "Le personnage de Titeuf était un prétexte parce qu'il est fédérateur", explique le psychiatre Philippe Brenot qui a fait partie du comité d'organisation de l'exposition Philippe Brenot. "Mais on avait beaucoup réfléchi à la cible des 9-14 ans et même pour des enfants de 7 ans."
Par ailleurs, cet échange autour de la sexualité peut être fait avec un autre membre de la famille que les parents ou encore des intervenants spécialisés. "Il existe des centres de planification tout à fait adapté pour les adolescents. Tout ne doit pas être porté par les parents", rassure Samuel Comblez.
Aborder la sexualité comme tout autre sujet et comme un enjeu de santé
Le Dr Philippe Brenot propose trois règles aux parents qui seraient un peu perdus face à ces questions :
- ne jamais éluder une question même celle d'un enfant très jeune pour montrer qu'il s'agit d'un sujet comme un autre et que l'on peut en parler librement.
- ne jamais parler de sa propre sexualité. On peut évoquer ce sujet sans entrer dans l'intimité de son couple.
- respecter le territoire des ados en ne demandant pas à connaître leur sexualité comme ils ne connaissent pas celle de leurs parents.
Samuel Brenot propose quant à lui de sensibiliser très tôt les enfants sur les enjeux de santé de la sexualité :
- se protéger des maladies sexuellement transmissibles.
- se prémunir contre les grossesses précoces. "Souvent, les jeunes oublient que cela peut arriver dès le premier rapport sexuel", rappelle le spécialiste de protection de l'enfance sur Internet.
Discuter avec un ado plutôt que de laisser des préservatifs à disposition
Glisser des préservatifs dans la valise d'un ado avant qu'il ne parte en vacances "est une très mauvaise idée", assure Samuel Comblez. "Tout comme de mettre des préservatifs dans la boîte à pharmacie familiale. Les parents vont aller vérifier le stock pour s'assurer que leur enfant se protège. Or les jeunes vont préférer acheter leur propre boîte. Il vaut mieux parler de sexualité", conseille-t-il.
Car les gestes de prudence tendent à se relâcher. Plusieurs études récentes ont montré que les jeunes étaient de moins en moins bien informés sur le Sida. En 2016, 82% des jeunes de 15 et 24 ans se disaient bien informés sur le virus, contre 89% en 2015. Une étude datant de la même année révélait que 42% des lycéens et 57% des étudiants déclaraient ne pas utiliser systématiquement un préservatif lors d'un rapport sexuel et que 61% des étudiants et 73% des lycéens ne se font pas dépister systématiquement en cas de changement de partenaire.
La pornographie pour les jeunes n'est pas forcément mauvaise si elle est bien encadrée
Quant à la pornographie, elle reste un important sujet de préoccupation. Un enfant a en moyenne 11 ans lorsqu'il est exposé pour la première fois à de la pornographie, selon un sondage OpinionWay. "Le problème de la pornographie est que bien souvent les enfants s'inspirent de ce qu'ils voient pour agir dans leur propre sexualité comme si la pornographie était un guide et un mode d'emploi", regrette Samuel Comblez.
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Mais pour le sexologue Philippe Brenot, il ne faut pas forcément bannir les vidéos pornographiques par principe. "Aujourd'hui, l'entrée dans la sexualité se fait avec le porno. Cela se fait souvent par groupes, souvent des garçons mais parfois des filles, qui vont regarder un porno ensemble. Cela dédramatise la chose, car ils vont en parler ensuite. Et les jeunes sont beaucoup plus critiques que dans les années 2000."
"Lorsque nos grands-pères étaient initiés dans des maisons closes, il n'y avait pas d'initiation de filles", poursuit le sexologue et psychiatre. "Aujourd'hui, le porno est peut-être un rite de passage auquel sont aussi conviées les filles et cela se fait de façon de plus en plus tranquille. Mais il faut que nous [adultes] soyons là pour être vigilants et empêcher tout ce qui est violent."
Enfin, Philippe Brenot et Samuel Comblez s'accordent à dire que "la majorité des enfants et des adolescents vont bien, ne font pas n'importe quoi et utilisent Internet avec beaucoup de prudence. Il va falloir vivre avec le sexe qui s'affiche sur Internet et apprendre à le gérer", conclut le directeur des opérations de l'association e-enfance.