Clément, 31 ans, a longtemps navigué à l'aveugle dans ses relations sexuelles, parce qu'il ne savait pas comment faire, à trop être focalisé sur le "quoi". Mais en découvrant qu'il fallait parler et ne pas hésiter à faire part à l'autre de ses désirs, le jeune homme a apprivoisé sa sexualité. Depuis, il dispense des conseils sur sa chaîne YouTube. Loin de penser qu'on peut s'en sortir en reproduisant irrémédiablement le même schéma au lit, Clément prône un apprentissage du sexe sans cesse renouvelé, comme il l'affirme au micro d'Eve Roger sur Europe 1.
"En tant qu'homme, il y a une sorte de croyance où on est censé savoir faire l'amour. Ça met une grosse pression dès le début. Tu ne vas pas dire à tes potes ni à ta copine que tu ne sais pas. Ça implique de naviguer à l'aveugle.
"Obsession de la technique"
J'essayais de tester des choses et de tenter différents mouvements. J'étais très focalisé sur le 'quoi faire' : on a bien sûr entendu des choses ici et là, le point G, etc. Je cherchais à tâtons et c'était assez misérable. Je faisais l'amour de manière assez mécanique. Cette obsession de la technique, essayer de trouver la recette magique… Il y a un peu cette croyance que toute les femmes sont faites de la même manière, qu'elles aiment toutes les mêmes choses.
Ça implique qu'on est censés trouver ces choses qu'elles aiment. Je ne demandais pas à ma partenaire parce que je pensais qu'il y avait cette attente. Il y a une sorte de honte et de peur de perdre l'autre. Si je lui dis que je ne sais pas, je passe pour un loser. Par définition, elle risque de s'éloigner de moi pour aller voir quelqu'un qui sait. J'avais peur qu'elle me quitte ou que mon image baisse à ses yeux, que je sois vu comme sans valeur à ses yeux.
Une fois que cette relation s'est terminée, j'ai commencé à m'intéresser à la séduction, à apprendre comment rencontrer des filles. Je suis tombé sur un certain nombre de livres. Il y a eu plusieurs moments un peu 'révélateurs' pour moi. Je pense notamment à une femme qui m'a appris des choses et m'a dit, en plein milieu de l'acte, 'tire-moi les cheveux'. J'étais sous le choc, je ne savais pas que ça se faisait, ni comment faire. En définitive, ce qu'elle m'a montré, c'est que c'était OK de demander ce que tu veux. Elle me montrait le chemin d'oser demander à l'autre, d'oser exprimer ce qui nous intéresse, d'être davantage soi-même.
Les choses que j'ai lues parlaient beaucoup d'emmener la fille dans son monde plutôt que d'essayer de se focaliser sur quoi faire et de se connecter à ses propres désirs. La plupart du temps, les filles vous répondent : soit elles acceptent d'aller dans cette aventure, soit elles vous disent que ça les gêne et dans ce cas, on peut avoir une discussion sur la raison pour laquelle ça les gêne et dissiper le malaise."
Sur sa chaîne YouTube, "La nation des 3%", Clément publie des vidéos, notamment des conseils en matière de sexualité.
"Beaucoup de gens me suivent [environ 27.000 abonnés, ndlr], à 80% des hommes et 20% des femmes. Sur mes vidéos qui concernent la sexualité, ce sont souvent des femmes, d'ailleurs. Ce sont des gens qui ne savent pas trop quoi faire et qui n'osent pas forcément le demander. Ils se retrouvent sur mes vidéos pour apprendre. Je parle peu de sexualité, je parle surtout de connexions, mais pour moi la connexion permet une bonne sexualité.
Je pense que ce n'est pas possible de finir son apprentissage parce qu'on sous-entend un peu que le plaisir féminin est universel, que toutes les femmes aiment les mêmes choses, qu'elles sont faites de la même manière. C'est une erreur dans laquelle il ne faut pas tomber. Pour moi, chaque femme est unique et a son propre manuel du plaisir. À chaque fois, il faut réapprendre" On peut avoir des idées géniales, comme l'idée de prendre son temps, mais on ne peut pas avoir fini d'apprendre."
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