Elle n'est pas encore sur la table mais soulève déjà des crispations. Le Conseil des ministres a examiné mercredi le projet de loi qui doit permettre au gouvernement de réviser le code du Travail par ordonnances. Mais les premiers avertissements face à une réforme qui s'annonce plus large que la très controversée loi El Khomri se multiplient. Mise en avant des accords d'entreprise, fusion des instances représentatives ou encore plafonnement des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif… les pierres d'achoppement avec les syndicats sont nombreuses.
Et les révélations du Monde sur une éventuelle extension des contrats de chantier, sorte de CDD à longue durée, à d'autres secteurs que le BTP pourraient bien rajouter à cette liste un autre point de rupture avec les partenaires sociaux. "C'est la fin du CDI pour toutes et tous", s'est insurgé la CGT dans un communiqué. De son côté, FO, par la voix de son secrétaire général Jean-Claude Mailly dans une interview au Monde, se dit ni "hostile" au plafonnement des indemnités prud'homales ni à la fusion des instances représentatives "à plusieurs conditions", mais refuse sur les contrats de chantier un "'open bar' dans toutes les entreprises". Pour la CFDT "c'est non", martèle, plus catégorique, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, au micro d'Europe 1 mercredi.
"Il restera des points de désaccord". "Cette réforme du code du Travail, nous n'en n'étions pas demandeur", a encore rappelé le syndicaliste. "On a déjà fait des contre-propositions", a-t-il expliqué, notamment sur la question des indemnités de licenciement, alors que son syndicat est toujours en concertation avec l'exécutif, mais sans illusions. "Je n'ai pas beaucoup de doutes sur le fait qu'en septembre [lors de la présentation du texte devant l'Assemblée, ndlr] il restera des points de désaccord, nous les exprimerons, de la manière qui sera utile", a-t-il averti, précisant toutefois qu'il ne répondrait pas à l'appel à la grève lancé par la CGT pour le 12 septembre.
Une première mobilisation. Dans son communiqué, le syndicat déplore un "dialogue social pipé d'avance" en raison du recours aux ordonnances. Et en guise de prélude à cette journée de mobilisation, mardi, jour de la séance inaugurale de la nouvelle législature, environ un millier de manifestants se sont réunis à proximité des grilles du Palais Bourbon. Parmi eux, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, ou encore Pierre Laurent, chef de file du PCF, qui dénoncent un passage en force pour démanteler le code du Travail. "Il y a une stratégie du secret de la part du gouvernement", a estimé mercredi, toujours au micro d'Europe 1, Jean-Luc Mélenchon aperçu la veille parmi les manifestants avant de prendre sa place dans l'hémicycle.
Mettre en place une double opposition. Et le nouveau député des Bouches-du-Rhône, ralliant l'appel de la CGT, compte bien s'appuyer sur son groupe d'insoumis à l'Assemblée nationale pour faire le lien entre une opposition parlementaire réduite à peau de chagrin face aux 360 élus de la majorité présidentielle - que pourraient soutenir sur ce texte les deux groupes de droite -, et l'opposition syndicale qui promet de battre le pavé à la rentrée. "Notre position sera complète", a-t-il assuré. "Ça ne peut pas se limiter à l'opposition parlementaire, nous serons dans la rue", assure-t-il. "Nous, la France insoumise, nous jouerons notre rôle, nous allons rallier toutes les populations des quartiers, ceux qui n'ont pas de travail, les chômeurs, les étudiants. Nous leur dirons : 'il faut se joindre à ce mouvement, il faut résister'".