Les barrières du passage à niveau étaient-elles levées ou fermées au moment du drame ? La question est au centre de l'enquête sur la collision entre un car scolaire et un train, qui a coûté la vie à six collégiens, le 14 décembre dernier à Millas, dans les Pyrénées-Orientales. Si la conductrice du car, mise en examen pour "homicides et blessures involontaires par imprudence", a toujours assuré les avoir vues levées, de nouveaux témoignages contredisent cette version, révèle Franceinfo, qui a pu avoir accès aux PV d'audition.
Des témoignages accablants. Deux techniciens du groupe Saur, spécialisé dans la distribution de l'eau, avaient assisté à la scène depuis leur véhicule professionnel, arrêté de l'autre côté du passage à niveau. Entendus par les gendarmes le jour même de la collision, ils racontent avoir vu le feu se mettre à clignoter et les deux barrières s'abaisser de chaque côté, alors que trois bus approchaient. "J'ai vu le premier bus qui ne s'arrêtait pas à la barrière", explique le conducteur aux enquêteurs. "Je suis formel : le bus conduit par une femme a forcé le passage à niveau alors qu'il était fermé et que le signal lumineux clignotant rouge était actif", raconte son collègue. Les deux témoins, qui ont été les premiers à appeler les secours, racontent alors avoir "vu le bus s'ouvrir en deux". "Le pare-brise a été projeté dans notre direction, j'ai entendu des gosses hurler", dépeint notamment le conducteur.
Le conducteur du TER, sa stagiaire, ainsi que deux collégiens présents dans le car – dont l'une était assise au premier rang –, affirment également que les barrières étaient baissées.
La conductrice a toujours maintenu sa version. Depuis sa mise en examen le 20 décembre dernier, la conductrice de 47 ans n'a pas encore été entendue par les juges. Devant les enquêteurs, elle a néanmoins toujours assuré avoir vu les barrières du passage à niveau levées avant la collision. Elle avait de même affirmé que le feu rouge du passage à niveau et la sonnerie d'alarme ne fonctionnaient pas au moment elle s'y est engagée. Les premières "constatations matérielles" dont avait fait état le procureur de Marseille, Xavier Tarabeux, allaient elles "plutôt dans le sens d'une barrière fermée".
Un SMS reçu juste avant le choc. Un autre élément troublant vient encore un peu plus alimenter l'idée de la possible responsabilité de la conductrice. Cette dernière a reçu un SMS, qu'elle n'a pas lu, quelques secondes seulement avant le choc, rapporte Franceinfo. Le signal du message l'a-t-elle perturbé ? La conductrice affirme ne pas s'en souvenir.
Des expertises sur les traces de peinture relevées sur le véhicule scolaire sont attendues dans les prochains jours.