Quelque 300 personnes ont manifesté samedi à Colmar contre la décision du préfet de laisser définitivement 42.000 tonnes de déchets toxiques dans le site de stockage souterrain "Stocamine" de Wittelsheim, dans le Haut-Rhin, a-t-on appris auprès des organisateurs et de journalistes sur place.
Combat qui dure. "Nous demandons un moratoire sur l'application de cette décision" du préfet, a expliqué Yann Flory, porte-parole du collectif "Destocamine" qui se bat depuis plusieurs années pour que l'intégralité des déchets, enfouis à partir de 1999 dans cette ancienne mine de potasse, soient remontés à la surface. "Il faut que les actions judiciaires aient le temps d'aboutir avant qu'il ne soit trop tard", a-t-il ajouté. Si les gestionnaires de Stocamine "bouchent les galeries, on n'aura plus accès aux déchets, et on ne pourra plus revenir en arrière".
Travaux déjà engagés. En mars dernier, après des années de controverse, le préfet du Haut-Rhin avait annoncé que plus de 90% des déchets dangereux entreposés à Stocamine y resteraient enfouis "pour une durée illimitée", dans le cadre de la fermeture définitive de ce site à l'arrêt depuis un incendie en 2002. Pour empêcher une éventuelle contamination de la nappe phréatique par les déchets, des barrages de confinement ralentissant la montée de la saumure (eau fortement concentrée en sel) et une zone de drainage doivent être construits, avait-il précisé. L'ensemble des travaux représente un coût de 200 millions d'euros à la charge de l'État, dont 100 millions déjà engagés.
Les élus impliqués. Ce projet est contesté par le conseil départemental du Haut-Rhin, à majorité LR, mais aussi par EELV. Deux députés se sont également joints aux manifestants samedi à Colmar : Mathilde Panot (LFI, Val-de-Marne) et Bruno Fuchs (LREM/Modem, Haut-Rhin). "Nous demandons au ministère de l'Environnement un moratoire sur ce dossier, pour qu'on puisse au moins continuer à entretenir les galeries, et éviter une situation irréversible", a dit Bruno Fuchs. "Il manque des études précises sur l'autre solution qui consisterait à enlever la totalité des déchets. Nous avons besoin de ces études pour pouvoir décider en toute connaissance de cause", a-t-il ajouté.