"En raison d'un colis suspect, le trafic est interrompu. Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée". Depuis les attentats du 13 novembre, les habitants d'Île-de-France ont entendu ce message beaucoup plus souvent que d'habitude. La RATP a enregistré quatre fois plus de colis suspects, jusqu'à 15 par jour sur l'ensemble du réseau (RER, métro, bus et tramway). Face à cette situation, les conducteurs du RER A ont fait grève jeudi pour dénoncer la négligence de leur hiérarchie lors de la découverte d'objets suspects.
>> Mais comment et qui détermine qu'un bagage abandonné devient "suspect" ?
Qui est habilité à décider qu'un colis est "suspect" ? Près de 90% des conducteurs du RER A ont suivi le mouvement de grève jeudi, perturbant ainsi fortement le trafic. Unis contre leur direction, les conducteurs reprochent à leur hiérarchie de ne pas prendre au sérieux les menaces que peuvent représenter les colis suspects. "Les directives pour protéger les zones dans lesquelles se trouve un colis suspect ne sont pas respectées", pointe sans détour le secrétaire général de la CGT RATP Jacques Eliez.
" Des responsables de ligne prennent la valise et repartent avec. Parfois, ils leur arrive même d'ouvrir le colis suspect "
Depuis les attentats qui ont fait 130 morts le mois dernier à Paris et Saint-Denis, "les passagers sont beaucoup plus vigilants", nous assure-t-on à la RATP. "Les voyageurs signalent beaucoup plus les colis abandonnés". Dès qu'un membre du personnel reçoit un signalement, il "prévient la permanence générale qui demande l'intervention des services de police".
Arrivé sur place, la police confirme ou non le caractère suspect de l'objet. "La police est la seule apte à qualifier un bagage abandonné de suspect", précise Pascal Lepetit, secrétaire SUD RATP dans les colonnes du Figaro vendredi. "Mais il existe un flou dans les textes permettant à un agent du métro de juger suspect un coli alors que, dans le RER, il n'en a pas la possibilité". Un problème bientôt résolu, à en croire Le Figaro. Contacté par Europe 1, la RATP refuse pour autant de confirmer cette information. Statu quo donc. Pour le moment.
Le trafic privilégié à la sécurité ? Dans une infographie publiée sur son site (et disponible en cliquant ici), la RATP précise ensuite la démarche entreprise en cas de colis suspect. Des alertes sonores sont diffusées pour inviter les voyageurs à quitter le quai. Dans la foulée, la police juge nécessaire, ou pas, d'appeler les démineurs. En moins d'une heure, la situation est gérée et le trafic reprend.
"Normalement, en attendant la police, il faut interdire l'approche de la zone où a été découvert l'objet suspect et empêcher toute manipulation" mais "on a plusieurs exemples où des responsables de ligne prennent la valise et repartent avec, ou bien l'ouvrent", affirme Laurent Gallois, du syndicat Unsa. En résumé, les exigences de ponctualité primeraient sur la sécurité. Des accusations que la RATP balaie d'un revers de main. La sécurité avant tout, selon l'entreprise.