Il ne s'agit pas d'une blague : les saumons font bel et bien pousser la forêt.
Un engrais naturel
C’est une histoire incroyable qui se passe dans la rivière Allier, l'un des principaux affluents de la Loire, où les saumons Atlantique ne sont plus très nombreux. Les quelque 400 "survivants" qui ont été recensés parviennent à traverser l’océan, à remonter tant bien que mal le fil de l’eau avec tous les barrages qui se dressent sur leur chemin, et ce sur près de 1.000 kilomètres de distance. Leur terminus, en Haute-Loire, est leur zone de frayère, en eau douce, où ils pondent leurs œufs.
De récentes études démontrent alors que lorsque les saumons meurent, après avoir pondu leurs œufs, ils deviennent utiles à la forêt, qui s'étend sur les berges. Car en effet, les saumons boostent la croissance des arbres, faisant d'eux une sorte d'engrais naturel. Seulement, en France, ce phénomène n’est pas véritablement notable sur la forêt puisque les saumons sauvages ne sont plus très nombreux. Mais ceux-là sont encore très nombreux en Amérique du Nord, ou encore en Colombie britannique.
Quand les ours s'en mêlent...
Lorsque les grands prédateurs interviennent, cela change totalement la donne. Les ours, par exemple, peuvent jouer un rôle majeur dans l’interaction entre les salmonidés et les forêts. En partant à la pêche, un ours est capable de ramener jusqu’à 30 kilos de saumon par jour sur les berges, voire au-delà, jusque dans la forêt profonde. A moitié dévorées, les carcasses de saumon libèrent lors du processus de décomposition un certain nombre de nutriments, notamment de l’azote et du phosphore. Ce sont précisément ces nutriments qui vont activer la pousse des arbres.
C’est l'une des raisons pour lesquelles les forêts de l’Ouest canadien sont si luxuriantes, de quoi remercier les saumons.
Cet exemple, parmi tant d'autres, illustre l’interconnectivité entre la faune et la flore, et de manière générale entre tous les êtres vivants. Un exemple de la "magie de la nature" qui nous montre une fois de plus que tout est lié en ce monde et cette biosphère, dont nous faisons partie.