Des dauphins qui sautent à travers de cerceaux et jouent habillement avec des ballons. Ce genre de spectacle réjouit petits et grands dans les parcs aquatiques. Mais derrière la magie se cache une réalité bien moins reluisante, notamment pour la santé des animaux. Dans les quatre delphinariums que compte la France, les dauphins meurent deux fois plus jeunes que leurs congénères en liberté, alors qu'ils sont nourris et soignés. Un arrêté du ministère de l'Ecologie devait paraître mardi au Journal officiel pour lutter contre la mortalité de ces dauphins, mais il a finalement été repoussé.
Des animaux qui deviennent fous et s'entretuent. Confinés dans des bassins étroits, les dauphins deviennent fous à s’en taper la tête contre les parois et peuvent sombrer dans la dépression, voire se suicider. "Ils nagent à pleine vitesse pour se projeter contre les parois en béton de leur bassin et se fracasser le crâne. Certains animaux vont ronger les parois de leur bassin jusqu'à se limer les dents complètement et avoir les dents à vif. On a eu des cas d'animaux qui se sont agressés, entretués", détaille sur Europe 1 la biologiste marine Morgane Perry.On est très loin d’imaginer autant de nervosité en les voyant sauter dans le bassin ou battre des nageoires, mais les vétérinaires le confirment : ces dauphins sont parfois calmés à coup d’anti-dépresseurs, 15 minutes avant chaque spectacle.
Les associations réclament l'interdiction des spectacles de dauphins. Dans ce contexte proche de la maltraitance, le gouvernement s'est saisi du dossier. Plusieurs pistes sont sur la table : supprimer le chlore dans les bassins qui brûle les yeux et les poumons des animaux, ajouter des zones d’ombres pour qu’ils puissent échapper au soleil, et puis surtout interdire aux visiteurs de nager avec eux. Tout cela était prévu par l’arrêté du ministère, mais l’application concrète de ces mesures a été repoussée, ce qui inquiète les militants de la défense des animaux. Tous demandent l’interdiction absolue et immédiate des spectacles de dauphins.
Asservissement de l'animal "pour le plaisir de l'homme". "C'est des mouroirs pour les animaux, les animaux font parfois huit représentations ou plus par jour. On est quasiment dans les mines. C'est l'animal-objet, pour pouvoir en fin de compte donner un divertissement, asservir l'animal pour le plaisir de l'homme et faire du spectacle. Ça rapporte énormément, c'est une prison", dénonce Arnaud Lhomme, de 30 millions d’amis.
Craintes que l'arrêté soit enterré. L’enjeu est bien celui du business des spectacles aquatiques. MarineLand à Antibes réalise 40 millions d'euros de chiffre d’affaires annuel et accueille 1,3 million de visiteurs par an. Si l’arrêté n’était pas publié avant les élections, les associations craignent qu'il soit enterré.