Difficultés à leur faire faire leurs devoirs, à leur faire arrêter la console, à leur faire manger des légumes, à les coucher, à les empêcher de se battre avec leurs frères et sœurs... Les parents peuvent parfois être dépassés. Dans Sans rendez-vous, sur Europe 1, Mélanie Gomez recevait deux spécialistes, Aurélie Callet et Clémence Prompsy, psychologues, fondatrices du cabinet Kids et Family, et autrices de Je ne veux pas ! (Au fil de soi). Elles nous ont livré quelques astuces.
Les quatre principes de la "privation bienveillante"
Quand un enfant fait une bêtise ou se comporte mal, on a tendance à le punir ou le priver de jeux, de télévision, ou de toute activité qu'il aime pratiquer. Mais selon Clémence Prompsy, "la privation ne fonctionne pas, malheureusement". Ainsi, les deux psychologues essaient de trouver des punitions positives avec les parents.
Celles-ci répondent à quatre règles afin que les punitions se transforment en conséquences.
- Tout d'abord, la punition positive doit être connue à l'avance. "Votre enfant doit être au courant de la punition avant les problèmes, ça ne doit pas lui tomber dessus. Vous, quand vous perdez quatre points sur votre permis de conduire, vous le savez à l'avance", souligne Clémence Prompsy.
- Ensuite, il faut que ce soit court. Si l'enfant se comporte mal à table par exemple, "on ne va pas le priver de dîner en famille pendant un mois, mais juste d'un dîner", explicite la psychologue.
- Il faut aussi que la punition positive soit en lien avec le problème d'origine. C'est-à-dire qu'un enfant qui est turbulent à table devra recevoir la conséquence de son action sur le dîner du lendemain et donc ne pas être privé de télévision ou de de jeux vidéos.
- Enfin, il faut être respectueux, donc dire les choses gentiment à son enfant, sans être humiliant.
Se concentrer sur un problème à la fois
Attention aussi à "ne pas mettre son énergie sur 50 combats en même temps", prévient Clémence Prompsy. Les parents peuvent par exemple consacrer une semaine à l'hygiène dentaire en organisant "un grand challenge dans la famille pour savoir qui se brosse les dents le plus longtemps". Et puis ensuite, on va se concentrer sur le fait de se tenir bien à table, et puis sur le sommeil…
"Il faut vraiment se centrer sur des choses extrêmement précises en s'attaquant à un ou deux objectifs", appuie Aurélie Callet. "L'enfant a ainsi l'impression que c'est gagnant pour lui, et les parents ont l'impression d'avoir réussi leur objectif."
Les astuces pour sortir un enfant du lit
Quand un enfant rechigne à se lever le matin, les psychologues conseillent plusieurs astuces :
- Le lever un petit peu plus tôt avec une playlist de musiques qu'il aime bien "pour réveiller son cerveau doucement"
- Mettre ses habits sur le radiateur pour qu'ils soient bien chauds, ou mettre une deuxième couette, car "plus ils auront chaud, plus leur organisme se réveillera doucement"
- Clémence Prompsy révèle enfin son astuce fétiche : mettre, en plus de l'heure habituelle, une heure de réveil à quelques minutes du départ. "Ça veut dire 'rendez-vous dans l'entrée, c'est l'heure de mettre ses chaussures'. Comme ça ils arrivent parce qu'ils savent qu'il reste vraiment que cinq minutes".
Les faire participer aux tâche du quotidien
Parfois, avec la fatigue, certains rituels comme le repas, le bain, les devoirs et le coucher peuvent être compliqués. "Quand ils sont petits, jusqu'à huit-neuf ans, la solution est de passer au maximum par le jeu", conseille Aurélie Callet. Ainsi, ces moments pas toujours drôles de base peuvent se transformer en moments de complicité. Le jeu demande une participation active, et c'est là la clef, selon les deux spécialistes. Au moment du repas, l'astuce peut être aussi de les faire participer au maximum à la préparation. Ainsi, on évite les disputes entre frères et sœurs. "Même s'ils sont petits, on les prend à côté de nous, même si c'est juste pour verser du gruyère râpé dans un bol, peu importe, ils adorent tripoter !", poursuit la psychologue.
Comment leur faire manger des légumes ?
En plus de les faire participer au repas, comme on l'a vu plus haut, nos deux spécialistes conseillent de rendre "l'assiette rigolote". "Et de ne pas faire de trop grosses quantités qui découragent l'enfant devant l'assiette", note Aurélie Callet. "Il faut aussi rendre l'assiette rigolote et ne pas faire de trop grosses quantités qui découragent l'enfant devant l'assiette", note-t-elle. "On peut sortir un grand plateau à fromages rond et mettre une quantité minuscule au milieu. Visuellement, l'enfant va se dire qu'il n'y a rien dans son assiette."
Elle recommande aussi les petits plateaux en forme de jeu de l'oie qui s'appellent "Dîner winner" avec une surprise à la fin du jeu. "Il faut aussi être un peu détaché et ne pas concentrer toute l'attention sur lui", ajoute la psychologue.
Comment les faire sortir du bain ?
Si les enfants rechignent à prendre leur bain, il est parfois difficile de les en faire sortir. Cette attitude est normale, selon les psychologues. "Les enfants ne sont pas de grands insolents. Leur pulsion est saine. S'ils sont dans ce qu'ils sont, c'est parce que tout leur cerveau est en train d'envahir l'objet sur lequel ils sont. Et ils n'aiment pas changer d'activité", explique Clémence Prompsy. Il faut donc leur faire changer d'idée subtilement. Prenons l'exemple du petit bateau avec lequel ils jouent dans le bain. "On peut leur dire 'Je me demande s'il ne faudrait pas l'emmener chez le garagiste des bateaux, il y en a un dans ta chambre'", poursuit la psychologue, qui concède que cela ne fonctionnera pas à tous les coups et qu'il vaut mieux avoir plusieurs astuces en réserve.
La solution quand ils ne veulent pas faire les devoirs
Les devoirs cristallisent le plus les conflits entre les parents et leurs enfants. Quand on ne peut pas les envoyer à l'étude, il est aussi important de ne pas se laisser trop déborder par le temps. Aurélie Callet conseille de travailler avec un time timer sur lequel on pourra régler le temps dédié à chaque matière.
Féliciter l'enfant quand il se comporte bien
Face à un enfant turbulent qui demande de l'attention, ne relever que les moments où il est pénible n'est pas très efficace. On s'énerve et l'enfant boude. Au contraire, Clémence Prompsy conseille de ne pas relever quand ça ne va pas et de "faire une tonne de démonstration quand ça va, quitte à surjouer. En allant se coucher, on peut dire à l'enfant qu'on est fier de lui, qu'on est content parce qu'on a passé une soirée calme, sans dispute".
Le conseil de fin : profiter des moments de détentes
Les vacances peuvent être source de fatigue pour les parents. Clémence Prompsy insiste : "En famille, il ne faut pas viser la perfection mais chercher les petits miettes qui vont bien parce que ça va passer très vite." Pour se reposer, elle conseille d'expliquer aux enfants, que s'ils ont besoin de s'amuser, leurs parents ont besoin de se reposer et donc proposer des activités qui respectent les deux parties.
"En vacances, en weekend, ou les soirs de semaine, on n'est pas obligés de tout faire tous ensemble en famille. Quand il y a un écart d'âge important, si on fait tout ensemble, certaines activités pénalisent les uns ou les autres", note Aurélie Callet. Elle recommande également de diviser les parents : "Papa part avec l'un, maman avec l'autre", par exemple. Selon la psychologue, "il faut aussi apprendre aux enfants à être autonomes. Plus ils vont être autonomes, moins ils vont vous solliciter pour tout, plus on peut respirer".
Pour les enfants turbulents au restaurant, Clémence Prompsy conseille de tester une "sortie entraînement" en allant dans un restaurant pas très loin de la maison. "On se met d'accord ensemble, l'un des deux parents peut rentrer à la maison avec le casse-pieds pendant que l'autre adulte reste avec un autre enfant. Mais il faut prévenir, en disant ce qu'ils pourront faire et pas faire, en leur expliquant pourquoi s'ils crient ou s'ils courent ça va gêner les autres".