Comment notre alimentation impacte les réserves mondiales d’eau

© HAZEM BADER / AFP
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G.S.

Aujourd'hui, 20% de l'irrigation mondiale pour l’agriculture provient des eaux souterraines non renouvelables. 

C’est une étude inédite par son ampleur : pour la première fois, des scientifiques internationaux ont étudié les types d’agricultures et les pays qui  épuisaient le plus les réserves d’eaux non renouvelables. Chaque année, l'agriculture consomme plus de 290 kilomètres cube de ses eaux souterraines, soit un boom de 22% entre 2000 et 2010, d'après cette étude publiée dans la revue Nature. 290 kilomètres cube d’eau, c’est l’équivalent de la consommation d’eau potable des Français pendant 50 ans, selon les calculs du Monde.

10 pays consomment plus de la moitié des eaux souterraines. Certes, la planète dispose encore de huit à dix millions de mètres cubes d’eaux dans ses sols, et environ 10.000 se renouvellent chaque année. Mais ce que montrent les scientifiques dans leurs travaux, c’est que l’épuisement des eaux est concentré dans un nombre très limité de pays, qui risquent de manquer d’eau potable à long termes. En effet, une dizaine de pays se partagent plus de la moitié de l’utilisation de ses eaux non renouvelables : le Mexique, le Pakistan, les Etats-Unis,  l’Inde, l’Iran, la Chine, l’Arabie saoudite, le Bangladesh, le Canada mais aussi le Royaume-Uni. 22 % de la consommation d’eaux souterraines provient de l’irrigation des cultures de blés, puis viennent ensuite le riz (17 %), les cultures sucrières (7 %), le coton (7 %) et le maïs (5 %).

La France importe 78% de son eau "virtuelle". La France, qui dispose de nombreuses rivières et de sources renouvelables, n’est pas directement concernée. Mais les consommateurs français ont tout de même un rôle à jouer, puisque l’Hexagone importe environ 78% de son eau "virtuelle"¸ c’est-à-dire la quantité d’eau utilisée pour fabriquer un bien de consommation. Les scientifiques en appellent donc à surveiller le volume d’eau par calorie des ingrédients que l’on mange. Ainsi, on estime qu’un kilo de bœuf nécessite environ 15.500 litres d’eau, contre 4.900 pour un kilo de porc ou de fromage, 4.000 pour un kilo de poulet et 3.000 pour le riz.

"Les gens ont raison de faire leurs courses en pensant à l’impact des produits sur l’environnement mais il ne s’agit pas seulement de la viande contre les légumes, le bio ou l’équitable", ajoute Carole Dalin, chercheuse à l’institut pour les ressources durables à l’University College de Londres et première auteure de l’étude, citée par Le Monde. Et de poursuivre : "Où et comment les produits sont cultivés est une question cruciale. Même les aliments de base comme le riz et le pain peuvent avoir un impact négatif sur les approvisionnements en eau mondiale". Ainsi, le meilleur moyen d’éviter absolument d’assécher la planète reste la consommation de produits locaux, et la lutte contre le gaspillage alimentaire.