Lequel des parents doit répondre aux questions d'ordre sexuel des enfants ? La mère doit-elle parler aux filles et le père aux garçons ? Faut-il parler de sexualité aux jeunes enfants ? Mardi, dans Sans rendez-vous, l'émission Santé d'Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc nous propose quelques conseils pour évoquer les questions sexuelles avec ses enfants.
La question de Sophie, 44 ans
"Qui des deux parents doit répondre aux questions sexuelles des enfants ? Je dis à mon mari que c'est à lui de parler à nos garçons de 11 et 14 ans, que ce serait malsain que ce soit moi, qu'en pensez-vous ?"
Les conseils de Catherine Blanc
"Il n'y a rien de malsain pour une maman de parler de sexualité à ses enfants. Ce qui est malsain, c'est de venir heurter nos enfants avec un sujet qui ne les concerne pas, qui n'arrive pas en leur temps.
À la question de savoir quel est le parent qui doit en parler, ça peut être celui qui est le plus tranquille, le plus à l'aise avec ça. Ça peut être celui qui est sollicité par l'enfant. Ça peut être celui qui sent qu'avec lui, on est le plus sécurité pour en parler".
Doit-on pour autant parler de tout ? Y a-t-il des limites ?
"Nous ne sommes pas des profs. Nous sommes des humains, avec notre propre sexualité, nos propres inhibitions, nos propres délices, nos propres intérêts. Et tout cela ne concerne nullement notre enfant. C'est la difficulté : ne pas parler de nos peurs parce que l'on a vécu des choses dramatiques, ou de nos plaisirs parce que l'on a adoré telle ou telle chose. Le mieux est de ne pas parler de sa propre sexualité, et c'est la plus grande difficulté. Parce qu'on a nos propres références. Il s'agit de se poser la question : qu'est-ce que votre enfant veut savoir ?
Ce qui est important, c'est de respecter les attitudes parfois réfractaires de l'enfant. Parfois, il veut savoir sans savoir, il pose la question sans écouter la totalité des réponses. C'est là tout l'art du parent".
Que répondre aux jeunes enfants qui posent la fameuse question : "Comment on fait les bébés" ?
"Les histoires de cigognes, de graines dans le jardin... L'enfant sait très bien que c'est n'importe quoi. Souvent, quand il pose la question, il a même déjà une partie de la réponse.
Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des choses symboliques dans ces images que l'on peut utiliser. Dans l'histoire de la cigogne, on parle de bec dans la cheminée, on peut parler de la graine qui va faire pousser les légumes dans le jardin... On peut parler, si l'on veut, de façon imagée. Mais après, on peut dire : 'C'est la même chose entre un papa et une maman. Le sexe du papa va déposer une graine dans le sexe de la maman. À huit ans, l'enfant sait très bien, depuis deux ou trois ans, qu'il est un garçon ou une fille et que les parents ont un sexe.
On peut aussi s'aider des BD, il y en a des très bien, ni pudibondes, ni trash, avec des images de végétation, d'animaux, puis avec des humains. Les enfants ont une grande capacité à comprendre l'écho du réel au travers de l'image".