Pour une association de victimes des attentats de Paris, le ministre de l'Intérieur s'est montré "bien peu respectueux" en "balayant" les conclussions de la commission d'enquête sur les attentats.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, s'est montré "bien peu respectueux" des victimes en "balayant" les conclusions de la commission d'enquête parlementaire sur les attentats de 2015, a regretté vendredi l'association "13 novembre: fraternité et vérité".
Ce que dit l'association. "Nous nous étonnons de la réaction de Monsieur le ministre de l'Intérieur" mercredi devant l'Assemblée nationale, qui a "d'ores et déjà rejeté une partie des conclusions de la commission", notamment dans son "refus de reconnaître l'existence de failles dans les services de renseignement" français, a observé l'association de victimes dans un communiqué. L'association, qui compte des centaines de membres, des victimes et des proches de personnes tuées dans les attaques djihadistes, a aussi constaté le "rejet" par Bernard Cazeneuve de la proposition de "créer un agence nationale de lutte contre le terrorisme, qualifiant cette idée de 'plum pudding'", quand une telle structure existe aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni.
"Balayer aussi rapidement et aussi légèrement ces propositions nous paraît indécent et bien peu respectueux à l'égard des familles, qui attendent de l'Etat autre chose que l'expression d'une autosatisfaction invraisemblable et intenable face au terrible bilan du terrorisme", a ajouté l'association. "Nous ne nous résoudrons pas à ce que nos souffrances soient inutiles et à ce que les enseignements du 13 novembre ne soient pas tirés", a affirmé cette association, qui sollicite une entrevue avec le ministre "afin qu'il puisse nous expliquer en quoi la commission d'enquête se trompe".
L'ironie de Bernard Cazeneuve. Interrogé mercredi par le député socialiste Sébastien Pietrasanta, rapporteur de la commission, sur les suites qu'il entendait donner à ses 40 propositions, dont la création d'une agence nationale du renseignement est la clé de voûte, Bernard Cazeneuve avait ironisé : "Si elle devait être un guichet de plus là où vous pensez qu'il y en a déjà trop, nous serions dans une situation où nous aurions transformé le millefeuille que vous regrettez en plum pudding". Il s'était également montré ouvertement sceptique face aux autres préconisations des parlementaires.
"Venir nous dire que ce que nous proposons c'est du plum pudding (...), c'est une injure à notre travail, un mépris, une arrogance, une suffisance. Je ne le laisserai pas faire", a vitupéré le président de la commission, le député Les Républicains Georges Fenech, vendredi sur la chaîne parlementaire et Public sénat. "Un ministre ne peut pas dire à lui tout seul : 'ce qu'ont fait les parlementaires, une trentaine, de toutes sensibilités confondues, vous êtes à côté de la plaque'. Non, il faut d'abord recevoir le rapport, l'étudier, nous recevoir, engager un dialogue, avant de le jeter aux orties", a-t-il poursuivi.
Une mission d'information parlementaire, "plus légère" qu'une commission d'enquête, est en cours de formation, a déclaré Georges Fenech. Elle aura la possibilité "d'aller dans les ministères, d'auditionner les ministres" et de rendre compte à l'Assemblée du travail du gouvernement sur ce sujet, a-t-il ajouté.